A Aubervilliers, les sans-abri ont une adresse

La commune d'Aubervilliers vient d'établir une carte de ses sans-abri. Nom, prénom et adresse (même dehors)â?¦ Ainsi renseignés, services municipaux et associations peuvent les aider plus efficacement.

A Aubervilliers, les sans-abri ont une adresse

    «Bonjour, vous allez bien ? Le chauffage qu'on vous a apporté fonctionne ? » Il est 15 h 30, hier, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et le thermomètre flirte déjà avec zéro degré. Debout sur le seuil de sa caravane, le bonnet vissé sur la tête, Sylvie, 52 ans, accueille avec le sourire Mourade et Laurent, les deux agents techniques du centre communal d'action sociale. Alors qu'en cet après-midi les habitants achèvent leurs courses pour le réveillon, le duo effectue sa maraude quotidienne auprès des sans-domicile-fixe répertoriés dans la commune.

    La ville, en lien avec les acteurs de terrain (Croix-Rouge, Secours populaire, Restos du coeurâ?¦), vient d'établir une cartographie des SDF. Pour l'instant, ils sont huit sur la liste. Diffusée en interne auprès des services municipaux et des associations concernées, celle-ci enregistre les prénoms et noms des SDF, leur localisation ou leur état de santé.

    Expérimenté pour la première fois en Seine-Saint-Denis, le dispositif séduit les élus et les associations. « Il nous permet de suivre les SDF au plus près et de pouvoir réagir très vite », explique Benoît Logre, maire adjoint PS aux politiques sociales. « Il y a une meilleure coordination entre la ville et les associations. On a moins de risque d'oublier une personne dans un coin de rue », se félicite Michel Langlois, le président départemental de la Croix-Rouge.

    « Et l'épicerie sociale Epicéa, vous connaissez ? »

    Cette carte leur permet aussi d'écouter les requêtes de ces infortunés. Ce jour-là, Sylvie et ses deux compagnons de galère, Patrick et Michel, réclamentâ?¦ une poubelle. « Les sacs, c'est pas hygiénique. Il y a des rats partout. C'est pas parce qu'on est SDF qu'on doit être sale ! » Mourade et Laurent prennent note et en profitent pour glisser quelques conseils. « Vous avez vu l'assistante sociale pour votre RMI ? », questionne le premier. « Et l'épicerie sociale Epicéa, vous connaissez ? Vous pouvez y acheter un litre d'huile pour dix centimes », indique son compère. Mais il est déjà 16 heures. D'autres visites attendent les deux agents. Alors, on se quitte sur une note chaleureuse : « Bon réveillon ! Ne buvez pas trop ! »

    Hier, en prévision de la nuit, la préfecture de Seine-Saint-Denis a ordonné l'ouverture d'urgence du gymnase Karmann aux SDF. Mais Sylvie et ses amis n'iront pas : « Je suis née dans la rue, je mourrai dans la rue. »