Vincent Lambert : ce qu’il faut savoir sur l’arrêt des soins

Les médecins viennent d’appliquer ce lundi matin la décision du Conseil d’Etat d’arrêter les soins de Vincent Lambert. Les parents de ce dernier ont de nouveau saisi plusieurs juridictions.

 Pierre et Viviane Lambert, dont le fils Vincent se trouve dans un état végétatif depuis 10 ans après un grave accident de la route.
Pierre et Viviane Lambert, dont le fils Vincent se trouve dans un état végétatif depuis 10 ans après un grave accident de la route. AFP/François Nascimbeni

    L'interruption des traitements visant à maintenir en vie Vincent Lambert, annoncée par son médecin pour cette semaine, a débuté dès lundi matin : cette décision médicale a provoqué la colère de ses parents, qui espèrent encore que de nouveaux recours judiciaires stoppent « cette folie ». Le point.

    L'hôpital a mis fin au traitement

    Conformément à la décision du Conseil d'Etat validant le 24 avril dernier l'arrêt des soins de Vincent Lambert, l'hôpital de Reims, où ce dernier se trouve dans un état végétatif depuis 10 ans, vient donc de les stopper.

    « L'arrêt des traitements » et « la sédation profonde et continue » ont été « initiés ce matin », a écrit le Dr Sanchez, chef de service des soins palliatifs, dans un mail à la famille dont l'AFP a obtenu copie. « Dans cette période douloureuse, j'espère pour Monsieur Vincent Lambert que chacun saura ouvrir une parenthèse et se rassembler, auprès de lui, afin que ces moments soient le plus paisibles, intimes et personnels possible », ajoute ce médecin.

    Comment va-t-il s'éteindre ?

    Vincent Lambert n'est donc plus nourri ni hydraté. Lors d'un rassemblement de soutien ce week-end, ses parents ont affirmé qu'il allait « mourir de faim et de soif ».

    Dans les faits, Vincent Lambert mettra du temps à décéder malgré l'arrêt des soins, comme nous l'a expliqué un médecin spécialiste des soins palliatifs : « Lorsque l'on arrête l'alimentation et l'hydratation, on ne meurt pas tout de suite, cela prend plusieurs jours ».

    Macron refuse de se prononcer

    Lundi, Emmanuel Macron a refusé de se prononcer sur ce dossier. « Comme Président de la République, il ne m'appartient pas de suspendre une décision qui relève de l'appréciation de ses médecins et qui est en conformité avec nos lois », a répondu le président de la République dans un texte posté sur Facebook.

    Comme chacun d'entre vous, je suis profondément touché par la situation de Vincent Lambert. Comme citoyen, j'ai suivi...

    Gepostet von Emmanuel Macron am Montag, 20. Mai 2019

    La colère des parents

    Ce lundi, sa mère, en passant devant le CHU en voiture, a lancé « c'est des monstres ! Des monstres ! C'est des nazis ! ». Avant de crier en larmes : « On va balancer les vidéos ! Je veux voir mon fils tant qu'il n'est pas encore trop endormi ». Le document a depuis été publié sur le site de Valeurs actuelles. Une autre vidéo, publiée elle aussi sur le site de l'hebdomadaire montrent Vincent Lambert en train de manger et de déglutir.

    « C'est une honte, un scandale absolu, ils n'ont même pas pu embrasser leur fils », a encore réagi auprès de l'AFP Me Jean Paillot ce lundi matin.Le Dr Sanchez « en violation de tous ses devoirs et de ce qu'il avait laissé croire, vient d'annoncer à la famille qu'il avait initié le processus de mort sans préavis, sans tenir compte des recours, sans tenir compte des mesures provisoires. […]. Le coup de force continue. Il est encore temps d'arrêter cette folie », ont encore affirmé dans un communiqué Me Paillot et Me Jérôme Triomphe.

    La Cour d'appel de Paris ordonne la reprise des traitements

    Dans un incroyable retournement, la cour d'appel de Paris, saisie par les parents de Vincent Lambert, a ordonné ce lundi soir le rétablissement des traitements visant à le maintenir en vie, interrompus depuis lundi matin, jusqu'à ce qu'un comité de l'ONU se prononce sur le fond de son dossier.

    La cour « ordonne à l'Etat français [...] de prendre toutes mesures aux fins de faire respecter les mesures provisoires demandées par le Comité international des droits des personnes handicapées le 3 mai 2019 tendant au maintien de l'alimentation et l'hydratation » de Vincent Lambert, selon la décision consultée par l'AFP.

    Deux autres nouveaux recours ont été déposés devant le Conseil d'Etat et la Cour européenne des droits de l'homme. Mais la CEDH a fait savoir, lundi après-midi, qu'elle rejetait la requête faute d' « éléments nouveaux ».

    « Les parents de Vincent Lambert [ont également saisi] les autorités et tribunaux compétents d'une plainte disciplinaire aux fins de radiation du docteur Sanchez (NDLR : le chef du service des soins palliatifs du CHU de Reims) ainsi que de poursuites pénales à son encontre », avaient expliqué dimanche dans un communiqué Jean Paillot et Jérôme Triomphe, leurs avocats.

    Le débat épineux de la fin de vie

    Le cas de Vincent Lambert symbolise et enflamme depuis plusieurs années le débat autour de la question épineuse de la fin de vie. Et cela, au-delà même des frontières françaises. Ce lundi midi, le pape François s'est fendu d'un tweet appelant à « protéger toujours la vie ».