Chômage, immigration, inflation : la crise de Mayotte en chiffres

La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, se déplace dans le 101ème département français ce lundi pour tenter de trouver une issue à un grand mouvement de contestation populaire.

 L’insécurité mahoraise est en partie liée à l’immigration illégale massive qui pèse sur l’archipel, en provenance notamment des Comores.
L’insécurité mahoraise est en partie liée à l’immigration illégale massive qui pèse sur l’archipel, en provenance notamment des Comores. AFP/Ornella Lamberti

    Opérations « île morte », barrages sur les principaux axes routiers, manifestations… Après trois semaines de conflit, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, se déplaçait à Mayotte, ce lundi, où un mouvement de contestation populaire s'érige notamment contre l'insécurité, qui atteint des niveaux effrayants dans ce petit archipel au large du Mozambique.

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    Tous les indicateurs le montrent : ces trois semaines de colère ne sont que la partie émergée d'une crise profonde. Celle-ci s'étale sur plusieurs années, en partie liée à l'immigration illégale massive qui pèse sur Mayotte, en provenance notamment des Comores.

    • Une pression migratoire intense

    Mayotte est le département français où la part d'étrangers dans la population est la plus importante. Au moins 58,5 % des Mahorais sont immigrés de première ou de seconde génération, et 52,6 % sont d'origine comorienne, comme le relève Le Monde.

    Cette immigration se fait très souvent de manière illégale : c'est le phénomène des « kwassa kwassa », ces canots de pêche à moteur transportant des réfugiés comoriens auxquels Emmanuel Macron avait fait référence, en juin, dans une blague décriée.

    Selon une étude de l'Insee, plus de la moitié des migrants comoriens (de 51 % à 53 %) résideraient à Mayotte sans titre de séjour.

    Ces migrants se trouvent souvent dans une situation souvent très précaire. La majorité des Mahorais, eux, choisissent l'exil : seuls 15 % des natifs de Mayotte y résident de façon permanente, les autres tentant de vivre, au moins un temps, à La Réunion ou en France métropolitaine.

    • Une incroyable croissance démographique

    Ces départs massifs n'empêchent pas la population mahoraise de croître à grande vitesse. Au cours des cinq dernières années, celle-ci a augmenté de plus de 20 %, quasiment dix fois plus que la population française, notamment sous le coup des nombreuses naissances de mère étrangère.

    Toujours d'après Le Monde, environ 70 % des bébés de la maternité de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte, seraient nés de migrantes en situation irrégulière. Cette situation a notamment poussé Laurent Wauquiez à se poser « la question de l'adaptation du droit du sol à Mayotte », le leader de droite dénonçant « un détournement total du droit du sol et du regroupement familial ».

    Signe de cette forte natalité : à Mayotte, quelque 46 % de la population a moins de 14 ans, et 30 % moins de 10 ans. L'âge médian y est de 18 ans pour les hommes et de 16 ans pour les femmes.

    • Un tiers de non-diplômés

    Face à ce poids démographique, les structures mahoraises sont dépassées. C'est notamment le cas de l'hôpital, mais aussi de l'école. Quand 2,5 % de la population française n'a pas connu de parcours scolaire, c'est le cas de plus du tiers de la population mahoraise (36 %).

    • Le chômage en forte hausse

    Depuis 2009, le taux de chômage à Mayotte a connu une augmentation de près de six points quand, sur la même période, le taux de chômage en métropole augmentait de… moins d'un demi-point.

    • Des revenus plus faibles…

    Les Mahorais ayant un emploi ne sont pas pour autant épargnés, puisqu'ils affichent des revenus salariaux inférieurs à la moyenne de quasiment 25 %. Quand, sur un an, les hommes français gagnent 24 224 euros en moyenne grâce à leur salaire, les hommes mahorais ne reçoivent, eux, que 19 684 euros.

    Cet écart est encore plus important chez les femmes, d'environ un tiers, avec 12 054 euros en moyenne contre 18 363 euros.

    • … malgré une vie plus chère

    Ces faibles revenus et ce chômage de masse sont d'autant plus difficilement tenables que l'inflation est forte à Mayotte, bien plus qu'en métropole. Alors qu'un panier de biens a crû de 11,77 % entre décembre 2006 et janvier 2018 en France métropolitaine, il a augmenté de 18,8 % à Mayotte.