Coronavirus : l’Equateur reconnaît «des problèmes dans la gestion des morts»

S’il a franchi officiellement la barre des 1000 décès, le bilan pourrait être largement supérieur dans le pays de 17 millions d’habitants.

 Des tentes de triage ont été montées devant l’un des hôpitaux de Quito, la capitale de l’Equateur.
Des tentes de triage ont été montées devant l’un des hôpitaux de Quito, la capitale de l’Equateur. (AFP/RODRIGO BUENDIA.)

    L'Equateur a annoncé vendredi avoir dépassé la barre des 1000 victimes du coronavirus. 1063 décès, dont 163 dans les dernières 24 heures, sont en effet imputés au Covid-19, selon le gouvernement. Des chiffres a priori très sous-estimés, alors que le pays a enregistré son premier cas de contamination le 29 février. Depuis, il en a recensé officiellement 26 336. Mais le mois dernier, le président Lenin Moreno avait lui-même reconnu que « les statistiques officielles ne reflétaient pas la réalité ».

    Le bilan pourrait en effet être particulièrement lourd pour le petit pays de 17 millions d'habitants. Le New York Times estimait ainsi la semaine dernière que le nombre de morts serait quinze fois supérieur au bilan officiel tandis que le Financial Times rapportait que la seule province du Gayas affichait une augmentation de 347 % du nombre de décès par rapport aux années précédentes.

    Le confinement, décrété le 17 mars, pourrait cependant être assoupli par les autorités. Le gouvernement prévoit ainsi de lever tout ou partie des restrictions (suspension des activités sur site, fermeture des écoles, limitation de la circulation des véhicules, couvre-feu) à partir de lundi par zones géographiques en fonction du niveau de risque.

    Des cadavres abandonnés

    Le président équatorien est également revenu sur les images de cadavres laissées à domicile ou abandonnés dans les rues de certaines villes, qui avaient alerté le monde sur la situation sanitaire du pays voisin de la Colombie et du Pérou.

    « Nous devons reconnaître que, dans la phase initiale, nous avons eu des problèmes dans la gestion des morts, reconnaît Lenin Moreno aux médias locaux. C'est parce que nous avons pris la décision de donner une sépulture digne à chaque Equatorien, non comme dans d'autres pays qui ont ouvert des fosses communes ».

    Face au chaos provoqué par la situation, le gouvernement a créé une force conjointe entre l'armée et la police pour retirer ces centaines de corps abandonnés. Une partie d'entre eux ont été stockés dans des conteneurs pour pallier le manque de capacité des morgues dans les hôpitaux.

    On compte en moyenne 15 lits d'hôpital pour 10 000 habitants en Équateur, selon le rapport 2019 du programme des Nations unies pour le développement. Un chiffre en deçà de la moyenne des pays d'Amérique latine et des Caraïbes (35 lits) et encore loin derrière la France qui compte 65 lits pour le même nombre d'habitants.