Diabète : «Il y a 700 000 malades qui s'ignorent»

La journée mondiale du diabète, ce mardi, lance des états généraux de la maladie, qui touche quatre millions de Français. Pierre Fontaine, diabétologue, rappelle qu'il est «possible de vivre des années avec un diabète de type 2 sans en ressentir les symptômes». Interview.

 Illustration. Le centre hospitalier de Compiègne organise un dépistage gratuit, à l’occasion de la journée mondiale du diabète.
Illustration. Le centre hospitalier de Compiègne organise un dépistage gratuit, à l’occasion de la journée mondiale du diabète. LP/O.A.

    Le service de diabétologie qu'il dirige au CHU de Lille (Nord) ne désemplit pas. Et pourtant, selon le professeur Pierre Fontaine, nombreux sont les diabétiques qui ne savent pas qu'ils sont touchés.

    Combien de malades s'ignorent ?
    Pierre Fontaine. On estime ce nombre à 700 000. Il est en effet possible de vivre des années avec un diabète de type 2 sans en ressentir les symptômes ou en les sous-estimant. Mais ne pas savoir n'empêche pas la maladie d'évoluer sournoisement. Les conséquences peuvent être une dégradation du rein, une altération des vaisseaux de l'œil, des nerfs — à commencer par ceux des pieds —, voire un accident cardio-vasculaire.

    Il n'y a aucune façon de savoir ?
    Si, en rencontrant régulièrement son médecin et notamment si l'on est « à risque ». Entendre par là une personne en surpoids, en hypertension artérielle, avec un parent proche diabétique, du cholestérol ou ayant tendance à faire de l'apnée du sommeil. Le contrôle régulier de la glycémie est un bon moyen de voir l'évolution. Il existe aussi un test venu de Finlande, accessible à tous : le Findrisc. En répondant à quelques questions* sur vos antécédents et vos habitudes, vous évaluez le risque d'avoir du diabète dans les années à venir.

    Peut-on le prévenir ?
    Absolument. S'il y a des facteurs non modifiables, comme la prédisposition génétique, d'autres le sont et permettent de réduire, de retarder, voire d'empêcher la survenue du diabète. Cela passe par la diminution de la sédentarité, l'augmentation de l'activité physique et le contrôle de son alimentation. Et même si le type 2 est le diabète de l'âge adulte, c'est dès l'enfance qu'il faut s'en prémunir. Il n'est pas trop tôt pour commencer la prévention, car ne l'oublions pas : le diabète est un phénomène sociétal, lié à ce que nous mangeons et à comment nous bougeons.

    Comment bien manger ?
    En réduisant les sucres. Les sodas, bien sûr, mais aussi l'alcool. Il y a beaucoup de sucre dans la bière, les vins. En consommant moins de graisses. On en trouve dans le fromage, le beurre mais aussi, c'est de saison, certaines soupes lyophilisées. En augmentant notre consommation de fibres, comme le riz sauvage. Le tout est de bien équilibrer et bien structurer chacun de ses repas.

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    * Le Findrisc est accessible sur plusieurs sites dont celui de la Fédération des diabétiques.