Éducation : les élèves nés à la fin de l’année en moyenne désavantagés à l’école

Une étude de l’Insee qui prend en compte les résultats des élèves de 15 ans dans une quinzaine de pays, démontre qu’en moyenne les enfants nés à la fin de l’année ont de moins bons résultats scolaires que leurs aînés de quelques mois.

Pour l'autrice de l'étude, tous les élèves ne commencent pas leur scolarité sur un pied d’égalité et l’âge peut être un facteur aggravant de difficultés persistantes au fil des ans. (Illustration) LP/Olivier Corsan
Pour l'autrice de l'étude, tous les élèves ne commencent pas leur scolarité sur un pied d’égalité et l’âge peut être un facteur aggravant de difficultés persistantes au fil des ans. (Illustration) LP/Olivier Corsan

    Vaut-il mieux être né en début ou en fin d’année pour réussir dans ses études ? C’est la question que se posent de nombreux parents et à laquelle tente de répondre une étude de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) publiée ce lundi, jour de rentrée des classes. Son autrice Pauline Givord a décortiqué les résultats au test Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), l’étude internationale qui, tous les 3 ans, analyse et compare les résultats des élèves de 15 ans dans plus de 80 pays.

    La statisticienne s’est concentrée sur une quinzaine de pays dont la France. Et elle conclut qu’être « plus jeune d’un an à l’entrée à l’école baisse d’environ 20 points les performances, à 15 ans, en mathématiques, sciences et lecture ». Un retard qui est loin d’être neutre, puisque cela équivaut à une différence « du même ordre que la progression constatée lors d’une année d’études ».

    Pour la cheffe du département des études économiques, tous les élèves ne commencent pas leur scolarité sur un pied d’égalité et l’âge peut être un facteur aggravant de difficultés persistantes au fil des ans. « Il y a un effet significatif lié à l’âge et c’est le cas dans tous les pays, nous résume Pauline Givord. Par exemple, les élèves les plus jeunes ont plus de chances de redoubler à l’école élémentaire dans les systèmes où c’est possible. Cet écart de plusieurs mois peut aussi jouer sur la confiance en soi, la capacité à s’affirmer ou la persévérance. »



    À l’inverse, un élève plus âgé à l’entrée en école primaire aura en moyenne plus de facilités scolaires au début, donc plus de chances d’être considéré comme un bon élève, et de profiter d’une dynamique encourageante. L’étude évoque alors « des effets cumulatifs ». Autre enseignement, le fait de commencer l’école plus jeune semble se traduire par une exposition plus importante au harcèlement scolaire.

    Aux parents d’évaluer si l’enfant est prêt pour l’école

    Pour Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences de l’éducation à l’université Paris-Cité, les inégalités que relève l’étude de l’Insee, se construisent dès la maternelle.

    « Quand vous êtes avec des enfants très jeunes, en maternelle, les rythmes de développement sont extrêmement rapides et des progrès importants s’opèrent en quelques mois, explique le scientifique. Si l’élève est un peu jeune par rapport à sa classe d’âge de référence et s’il a un peu de retard par rapport à l’âge moyen, cela peut avoir un effet direct sur ses compétences scolaires (émotivité, réguler sa colère…) et sur sa capacité d’apprendre. »

    Pour autant tous les parents d’enfants nés en fin d’année doivent-ils s’inquiéter ? « Tous les enfants sont différents et tous ceux qui sont nés en fin d’année n’ont pas de difficultés à l’école, relève Grégoire Borst. Mais pour les parents il y a une question à se poser : est-ce que je peux évaluer si mon enfant est prêt à entrer à l’école ? Est-ce qu’il parle bien ? Est-ce qu’il est capable de gérer un peu ses émotions ? De rester assis pendant une petite période de temps ? Si la réponse est oui, il n’y a pas de problème. Si vous sentez que c’est encore un peu difficile, vous pouvez sans problème retarder d’un an l’entrée à l’école. »

    Le facteur social reste le plus déterminant

    « Il y a beaucoup d’élèves nés en fin d’année qui s’en sortent très bien », abonde Pauline Givord qui précise que l’origine sociale reste le facteur premier des inégalités scolaires. « Cette étude interroge aussi la capacité des systèmes éducatifs, et du nôtre en particulier, à gérer une hétérogénéité de niveaux au début de la scolarité, ajoute la chercheuse. Le mois de naissance crée une inégalité de niveau arbitraire, et il y a une persistance de l’effet. Donc il faut faire attention de ne pas stigmatiser les plus jeunes et, au contraire, tenter de renforcer leur estime de soi. »



    Pour remédier à ces difficultés, certains syndicats enseignants militent pour les programmes de cycles. « Cela permettrait que le cycle fixe les objectifs à atteindre par l’élève et que la fin de l’année ne soit plus un couperet, résume Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-Unsa. Une étude c’est bien, maintenant il faut trouver des réponses adaptées. Pourquoi par exemple ne pas inventer une forme de tutorat avec des enfants plus âgés pour accompagner les élèves nés en fin d’année ? Des solutions existent. »