Etudiant immolé par le feu à Lyon : un drame de la «précarité» selon les syndicats

L’étudiant de 22 ans qui a tenté de s’immoler par le feu en pleine rue vendredi se trouve actuellement « entre la vie et la mort ».

 L’université a annoncé qu’elle allait ouvrir, dès mardi, une cellule de soutien psychologique sur le campus (illustration).
L’université a annoncé qu’elle allait ouvrir, dès mardi, une cellule de soutien psychologique sur le campus (illustration). AFP/Jeff Pachoud

    La stupeur demeure après la tentative d' immolation par le feu, vendredi, d'un étudiant à Lyon (Rhône). Ce jeune homme de 22 ans, qui est passé à l'acte en pleine rue, devant un restaurant universitaire du 7e arrondissement, serait brûlé sur 90 % du corps.

    Selon l'université Lyon-2 , l'étudiant d'origine stéphanoise était toujours entre la vie et la mort samedi soir au Centre des brûlés de l'hôpital Édouard Herriot de Lyon.

    Dans un communiqué commun publié ce samedi, les syndicats étudiantes SUD-éducation et Solidaires ont dénoncé « la précarité » de « la vie des étudiant-e-s ».

    La précarité détruit nos vies. Depuis hier après-midi, un de nos camarades et ami de Lyon est entre la vie et à la...

    Gepostet von Solidaires étudiant·e·s am Freitag, 8. November 2019

    « Son acte ne saurait être réduit au seul désespoir, c'est aussi à la portée politique. Dans son message, notre camarade décrit la précarité qu'il subit, conséquence des politiques libérales, et le racisme quotidien », pointe le syndicat, qui souligne que « la précarité s'étend » et « broie de plus en plus de vies, y compris la vie des étudiant-e-s ».

    Des difficultés financières

    Une enquête a été ouverte pour déterminer les raisons de son geste, mais dans un long message publié sur Facebook, l'étudiant syndicaliste avait évoqué ses difficultés financières et justifié son geste par des revendications politiques, accusant notamment « Macron, Hollande, Sarkozy et l'UE » de l'« avoir tué ».

    « Cette année, faisant une troisième L2, je n'avais pas de bourse, et même quand j'en avais, 450 euros par mois, est-ce suffisant pour vivre ? », avait notamment écrit le jeune homme sur le réseau social. Il justifiait aussi le choix du lieu de son passage à l'acte, devant un restaurant universitaire, en assurant vouloir viser « un lieu politique ».

    « Luttons contre la montée du fascisme, qui ne fait que nous diviser, et du libéralisme, qui créé des inégalités. […] Mon dernier souhait, c'est aussi que mes camarades continuent de lutter pour en finir définitivement avec tout ça », soulignait aussi l'étudiant.

    Un hommage des Gilets jaunes

    De son côté, la direction de l'établissement indique n'avoir jamais été alertée de la situation du jeune homme. « Nous n'avions pas connaissance de difficultés personnelles concernant cet étudiant, très impliqué au sein des instances de l'établissement », a déclaré la présidente de l'université Lyon-2 Nathalie Dompnier.

    Un dispositif de soutien psychologique a été mis en place avec les services d'urgence, tandis qu'une cellule d'écoute sera mise en place dès mardi sur le campus Porte des Alpes pour les étudiants et les équipes, ajoute-t-elle, en précisant qu'un numéro vert spécifique devrait aussi être mis en place la semaine prochaine.

    Ce samedi, lors de l'acte 52 des gilets jaunes à Bordeaux, certains participants se sont arrêtés devant le restaurant universitaire de la ville, afin de rendre hommage au jeune homme. Dans la matinée, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal s'était rendue à Lyon pour rencontrer la présidente de l'université et les équipes du CROUS pour leur faire « part de sa profonde émotion face à l'acte dramatique » du jeune homme.