Expérimentation animale : pourquoi tant de tests sur les bêtes

On les utilise moins qu'il y a quarante ans, mais les expérimentations animales, dénoncées dans l'affaire Volkswagen, restent très fréquentes. Un mal nécessaire ?

Sur le recensement de 2015, plus d'un million de souris ont fait l'objet d'expérimentations animales, représentant près de 53% des animaux utilisés.
Sur le recensement de 2015, plus d'un million de souris ont fait l'objet d'expérimentations animales, représentant près de 53% des animaux utilisés. AFP/ PHILIPPE MERLE

    Avec le Monkeygate, une bonne partie de l'opinion a découvert que des singes servaient de cobayes dans l'industrie automobile aux Etats-Unis. Et en France? Près de 2 millions d'animaux passent chaque année sur les paillasses de l'Hexagone. Beaucoup moins qu'il y a 40 ans, mais le nombre d'expérimentations sont à la hausse. Le ministère de la Recherche a recensé 1,9 million de bêtes de laboratoire en 2015, contre 1,7 en 2014. « Pour les singes, c'est + 186 %, avec une explosion de l'utilisation des macaques à longue queue! » relève Muriel Arnal, présidente de l'association One Voice.

    Le succès des cochons

    Étrangement, c'est Reach, une réglementation environnementale européenne, qui est accusée par les ONG de faire exploser la demande en cobayes. Depuis 2010, elle oblige les industriels à évaluer les substances chimiques qu'ils mettent sur le marché. « Soit onze tests, pointe André Ménache, vétérinaire militant. Dont des tests cutanés et oculaires douloureux, des tests de toxicité aiguë avec d'importantes doses de produits chimiques. » « Reach n'emploie que 8 à 10 % des animaux de laboratoire en Europe », relativise de son côté Philippe Hubert, de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques, qui pointe « des conflits éthiques ». D'un côté, des ONG veulent retester les produits parce qu'elles ne se fient pas aux tests des industriels, de l'autre des associations pro-animaux refusent de nouveaux tests.

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    12 000 cochons ont été utilisés pour des expériences en 2015. Les cochons futurs stars des labos car plus proche de l'homme ? « Pas forcément, répond Jean-Claude Nouët, président de la Fondation Droit animal (LFDA). Il semble que ce soit pour une raison de sensibilité de l'opinion. » On n'a moins d'attachement pour le verrat que pour les beagles, chien à la bonne bouille très utilisés dans les tests pharmaceutiques. Pour autant, la science ne pourra pas se passer complètement de cobayes canins, « notamment dans la recherche sur la myopathie », signale Bruno Verschuere, vétérinaire au Gircor, association qui rassemble les établissements de recherche biomédicale publics et privés. « Entre autres car ils sont plus faciles à examiner qu'un porc qui pèse vite 100 kg. »

    Des tests sur des cobayes humains