France Travail : les agressions et les incivilités ont explosé dans les agences en 2023

Près de 16 000 signalements ont été recensés par les salariés de France Travail (ex-Pôle Emploi) pour agression. Sur les cinq dernières années, les incivilités ont augmenté de 82 % selon un document interne révélé par le site Politis.

D'après un document révélé par Politis, près de 16 000 signalements d'agressions ont été recensé par France Travail en 2023. Parmi ces signalements, près de 7 000 concernent des agressions verbales. Le Parisien/Delphine Goldsztejn
D'après un document révélé par Politis, près de 16 000 signalements d'agressions ont été recensé par France Travail en 2023. Parmi ces signalements, près de 7 000 concernent des agressions verbales. Le Parisien/Delphine Goldsztejn

    Les guichets de France Travail (ex-Pôle Emploi) sont le théâtre d’une augmentation alarmante des agressions. Dans un document interne révélé par Politis et consulté par franceinfo, il est révélé que les agents de l’établissement subissent 82 % d’incivilités en plus ces cinq dernières années. La tendance s’est poursuivie malgré l’alerte lancée par Libération et Mediapart en 2022 sur la situation des agents.

    Les agents sont appelés à témoigner sur des fiches de signalements (FDS) de « tout événement en lien avec la sûreté, la sécurité et la santé au travail » dont ils sont victimes ou témoins. En 2023, les employés de France Travail n’ont jamais autant rempli de ces fiches : 16 000 signalements d’agressions ont été recensés par l’établissement, presque 2 000 de plus par rapport à l’année précédente. Parmi ces signalements, près de 7 000 concernent des agressions verbales.

    En augmentation depuis 2019

    Depuis 2019, les incivilités ont augmenté de 82 % signe d’une situation qui se dégrade sur le terrain des agences de France Travail. Avec les agressions verbales et physiques, ces comportements sont 57 % plus élevés depuis cinq ans. Par rapport à l’année dernière, les incivilités et les agressions verbales sont respectivement 17 % et 8 % supérieures d’après le rapport.

    Christophe Moreau, membre du bureau national du syndicat SNU (FSU), pointe une « montée des agressions depuis plusieurs années ». « Cette augmentation des signalements d’agression est surtout apparue depuis 2019, une augmentation que nous pouvons relier aux modifications d’indemnisation de l’assurance-chômage », explique-t-il à l’AFP, précisant que son syndicat « réclame depuis longtemps une systématisation de déclaration d’accident du travail pour chaque agression ».



    Plus alarmant encore, le nombre d’expression d’intention suicidaire (Edis) parmi les usagers a triplé depuis 2019, franchissant la barre des 3 000 signalements en 2023. « Le nombre d’Edis ne cesse d’augmenter » (8,7 % de plus en 2023) s’inquiète le rapport interne de France Travail. Une réalité sombre qui demande aux employés des capacités de réaction, ainsi l’établissement français a créé un « module » pour permettre aux employés de mieux répondre à ce genre d’événement.

    La vidéo-surveillance pour protéger les employés

    L’année dernière, France Travail avait assuré mettre en place des mesures « dans le cadre d’une stratégie globale ». Si la plupart des agressions ne sont que verbales, 143 atteintes physiques ont été signalées par les agents en 2023 soit moins de 1 % de la totalité des signalements.



    L’opérateur avait alors cité « la protection des sites avec le renforcement des équipements de sûreté, la généralisation de la vidéo-protection dans les agences et le développement d’outils d’alerte », pour que les agents signalent des « situations urgentes », ou la « formation des collaborateurs à la désescalade et à la gestion des tensions ».

    Sur la généralisation de la mise en place de la vidéo-protection, Christophe Moreau a estimé que cette mesure n’a pas entraîné de réduction particulière du nombre d’agressions « dans les agences où cela a été mis en place ».