L’ancienne employée d’Ehpad participe aujourd’hui au maintien à domicile des seniors

Dans l’Eure, Aurélie Noyeau a repris ses sorties avec des personnes âgées qui vieillissent chez elles. Depuis un an, la Normande propose des services d’aide à domicile, après avoir tiré un trait sur son ancien métier d’aide-soignante en maison de retraite.

 C'est jour de marché à la Barre-en-Ouche (Eure) : Aurélie Noyeau et Jacques Fatta sont de sortie.
C'est jour de marché à la Barre-en-Ouche (Eure) : Aurélie Noyeau et Jacques Fatta sont de sortie. LP/Lou Garçon

    Jacques Fatta a enfin retrouvé son vendeur de fruits et légumes, son boucher-charcutier chevalin, sa place du marché animée comme chaque mercredi matin. Cet habitant de 93 ans de la Barre-en-Ouche (Eure) vivait reclus depuis deux mois, sans même pouvoir mettre le nez dehors pour quelques rapides achats.

    Car, pour ses courses, le Normand, cramponné à son déambulateur, dépend d'Aurélie Noyeau, son aide à domicile. Une fois par semaine, la jeune femme et le vieux monsieur partent en camionnette aménagée et s'arrêtent faire le marché. Aurélie Noyeau porte les commissions. Puis retour à la maison, où l'ancien navigateur de commerce retrouve ses animaux, son poste de télévision, sa radio. « Si j'ai envie de l'écouter jusqu'à 3 heures du matin, je le fais ! Car je suis un vieux lascar qui a fait le tour du monde », rigole-t-il d'une voix enrouée.

    « Pour rompre l'isolement et pour la mobilité »

    Pour cette première sortie post-confinement, Aurélie Noyeau porte un masque mais n'hésite pas à se pencher vers son client, pour qu'il l'entende. « Je me lave aussi les mains plus souvent que d'habitude, mais respecter les distances, ce n'est pas possible. Certaines personnes dont je m'occupe sont atteintes de pathologies comme Alzheimer ou Parkinson, il faut être proches pour qu'on se comprenne ».

    Lassée de son travail en établissement pour personnes âgées, qui, estime-t-elle, ne lui permettait que de prodiguer des soins essentiels en un minimum de temps, la jeune femme a choisi il y a un an de s'occuper des personnes âgées autrement : « La plupart ont déjà des aides à la toilette et au repas. Je suis là pour rompre l'isolement et pour la mobilité ». Elle n'intervient plus qu'auprès de ceux qui vieillissent à domicile, non pas pour des soins mais pour leur offrir la possibilité d'avoir une vie hors de la maison. Aller boire un café en ville, faire une courte promenade, jouer à un jeu de société font partie de ses activités quotidiennes.

    Pouvoir vieillir chez soi sans souffrir de solitude

    La crise sanitaire et son impact dans les Ehpad l'ont confortée dans ce nouveau choix professionnel. Pour que les Français soient plus nombreux à vieillir à la maison, les métiers des services à domicile doivent être valorisés, pense-t-elle, tout en évitant un trop grand isolement de nos aînés. « Pouvoir vieillir chez soi, c'est bien, mais beaucoup de gens que je rencontre sont très seuls. Parce qu'ils n'ont pas d'enfants, ou parce qu'ils sont brouillés avec leur famille. En maison de retraite, au moins, il y a du monde. C'est sur cette solitude qu'il faut agir si nous voulons que les nôtres vieillissent plus souvent chez eux », assure Aurélie Noyeau.