L’Aube placée sous restrictions fortes : «Je ne vois pas comment ces mesures vont freiner l’épidémie»

Troyes, chef-lieu de l’Aube, passera sous confinement ce vendredi à minuit, comme la Nièvre et le Rhône. Une nouvelle à laquelle s’attendaient les élus et les habitants.

 Rosières-prés-Troyes (Aube), ce jeudi. Claire, Camille, Frédéric et Pauline suivent en famille l'allocution du ministre de la Santé, Olivier Véran.
Rosières-prés-Troyes (Aube), ce jeudi. Claire, Camille, Frédéric et Pauline suivent en famille l'allocution du ministre de la Santé, Olivier Véran. LP/Philippe de Poulpiquet

    Depuis plusieurs jours déjà, Troyes et l'Aube s'étaient fait une raison. Les rideaux des emblématiques magasins d'usine, tirés depuis trois semaines, et surtout un hôpital en surchauffe cadraient parfaitement avec les annonces d'Olivier Véran de ce jeudi soir. Le taux d'incidence du département (470 cas de Covid-19 pour 100 000 habitants), associé à un taux d'occupation des lits de réanimation de 90 % et déjà deux transferts de malades vers d'autres établissements de la région, rendait la décision d'un confinement totalement prévisible.

    « On s'est fait une raison, avouait en milieu d'après-midi Christelle, la patronne de la boutique Mod'Elle, dans le centre-ville. Ça signifie que je n'aurai plus de chiffre d'affaires ni de relationnel. Ce n'est pas facile de garder le moral. Il faut surtout que ce soit la dernière fois. » Comme cette coquette boutique de vêtements pour dames, la plupart des magasins de la rue Emile-Zola, aux façades parées de jolis colombages, vont devoir fermer pour quatre semaines au minimum. C'est aussi le cas du Manoir, un tatoueur à quelques dizaines de mètres. Candy, l'une des gérantes, pigmentée d'encre jusqu'au bout des ongles, en passant par le cou et les sourcils, ne cache pas son incompréhension, sur fond de musique métal : « On sait qu'on va devoir décommander toutes les personnes prévues, alors qu'on est complet pour les trois prochains mois. Si les coiffeurs sont essentiels, pourquoi pas nous ? Surtout qu'on ne prend qu'un client par tatoueur chaque jour et que personne ne se croise… »