Nouveau classement Pisa : l’école française, cette élève «moyenne» qui ne progresse pas

Dans la nouvelle étude internationale Pisa sur les acquis des élèves, tombée ce mardi, les jeunes Français se classent, comme d’habitude, dans le milieu du tableau. Leurs résultats ne baissent pas, ils stagnent. Ce qu’il faut retenir.

 Avec un score moyen de 493 points au classement Pisa, les élèves français sont légèrement au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE.
Avec un score moyen de 493 points au classement Pisa, les élèves français sont légèrement au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE. AFP/Frederick Florin

    Les notes de la France sont stables… et ce n'est pas exactement une bonne nouvelle. L'école française produit toujours de très bons élèves, mais reste l'une des plus inégalitaires au monde. C'est ce qui ressort du dernier bulletin mondial des systèmes scolaires de la planète, publié ce mardi 3 décembre : le fameux classement « Pisa ».

    Véritable baromètre des politiques éducatives, le « programme international de l'OCDE pour le suivi des acquis des élèves » mesure tous les trois ans depuis 2000 le niveau des jeunes de 15 ans à travers le globe. Pour cette édition Pisa 2018, plus de 600 000 élèves dans 79 pays ont passé des tests mesurant leurs performances en lecture et écriture (thème majeur de cette édition), en mathématiques ainsi qu'en sciences. Il a fallu un an aux analystes pour trier et synthétiser les résultats, rassemblés en trois épais volumes.

    La France légèrement au-dessus de la moyenne

    En France, un échantillon représentatif de 6300 jeunes a réalisé les exercices. Leur note? Un score moyen de 493 points, légèrement au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE. Les écarts de performance étant parfois faibles, d'un pays à l'autre, l'organisation internationale n'établit pas un classement à proprement parler, mais constitue plutôt des groupes de pays aux résultats similaires. Ainsi, elle situe les jeunes Français entre la 15e et la 21e place des pays de l'OCDE, « au même niveau que l'Allemagne, la Belgique, le Portugal, la République tchèque et la Slovénie ».

    Depuis la première édition de Pisa en 2000, le niveau des jeunes en lecture et en écriture n'a pas plongé : il est resté stable. « Nous avons une place honorable, mais le gros point noir reste les inégalités sociales devant la performance », résume Eric Charbonnier, analyste à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) spécialiste de l'éducation. En la matière, le Royaume-Uni, assez comparable à la France en matière de population, fait nettement mieux, avec 504 points.

    Championne des inégalités, encore et toujours

    En France, l'écart de résultat entre les élèves issus d'un milieu favorisé et ceux issus de classes sociales défavorisées est de 107. C'est considérable, et très nettement au-dessus de la différence observée en moyenne dans les autres pays (87 points). Comme si les élèves français étaient coupés en deux planètes. Comme s'ils n'appartenaient, en fin de compte, pas au même système scolaire.

    « Les élèves défavorisés ont cinq fois plus de risque de se retrouver en difficulté que les autres, en compréhension de l'écrit », relève Pauline Givord, analyste à l'OCDE qui a codirigé une partie de l'enquête Pisa. Plus inquiétant encore : les jeunes issus de milieux populaires nourrissent peu d'ambitions d'études post-bac, même quand ils sont bons élèves.

    Au chapitre des inégalités, il n'y a qu'en Israël et au Luxembourg que les écarts sont encore plus élevés qu'en France. Ce constat alarmant n'est pas nouveau : le creusement des inégalités en France s'est observé entre 2003 et 2012 sans produire de choc significatif dans les politiques publiques. Cependant, « des efforts ont été faits depuis 2012, constate Eric Charbonnier de l'OCDE. Mais il est encore trop tôt pour en mesurer les effets. » Les premiers élèves à avoir bénéficié de la priorité accordée au primaire, et à la création de nouveaux postes d'enseignants, sous le quinquennat de François Hollande, ne seront en effet testés par Pisa que lorsqu'ils seront devenus lycéens… pour l'édition 2024.

    Trop d'indiscipline en classe

    Ce sont les jeunes eux-mêmes qui l'affirment, corroborant un constat déjà dressé par leurs enseignants : il y a trop de bruit dans les salles de classe. Un jeune de 15 ans sur deux déclare qu'il y a du chahut ou du désordre dans la plupart des cours, et un quart dans tous les cours! Un niveau inquiétant qui place l'Hexagone très bas dans le tableau des élèves sages. « Il n'y a qu'en Argentine et au Brésil où l'indice du climat de discipline est inférieur à la moyenne observée en France », indique l'étude de l'OCDE.

    Le phénomène pénalise surtout les élèves déjà les plus fragiles, puisqu'il s'observe majoritairement dans les établissements les plus en difficulté. Comment le résorber ? En améliorant la formation des enseignants français sur la gestion de classe, répondent les analystes de l'OCDE. Un conseil qui vaut pour la discipline comme pour le niveau en écriture, en maths ou en sciences.

    D'une manière générale, « les pays les plus performants de Pisa sont ceux qui investissent massivement dans la revalorisation du métier d'enseignant, et dans la formation », observe Eric Charbonnier.