Rentrée : on reste serein, chiche ?

REPRISE. Après de belles vacances, beaucoup retrouvent ce lundi le travail. Et aussi son lot d'obligations. Nos conseils pour une reprise en douceur et sans (trop de) stress.

Pour une reprise en douceur au travail, « la rentrée ne doit pas être vécue comme un changement radical mais comme une remise en route », selon le psychiatre Dominique Servant.
Pour une reprise en douceur au travail, « la rentrée ne doit pas être vécue comme un changement radical mais comme une remise en route », selon le psychiatre Dominique Servant. (Eric Audras/Onoky/Photononstop.)

    C'était tellement bien ! On a retrouvé du temps pour soi et celui de moments partagés avec les autres. Nagé, couru, ramé, qu'importe : renoué avec la nature et avec son corps. Bref on a DÉ-CRO-CHÉ. De l'actualité pesante et même de cette armada d'objets connectés qui nous plongent dans la dépendance.

    « Au bout d'une semaine, on s'était fixé cette règle. Chacun avait le droit de consulter son téléphone par moments dans la journée, mais à partir de 18 heures, terminé », soupire un médecin parisien. A peine atterri de vacances familiales en Asie, il laisse percer le regret. « C'était merveilleux. Comment ne pas replonger dans le rythme de dingue ? » Si l'on peut difficilement échapper au pincement au cœur à l'instant de reprendre le quotidien, et si elle semble une éprouvante cavalcade, la rentrée n'est pas non plus obligée de rimer avec panique et anxiété, rassure le docteur Dominique Servant*, psychiatre au CHU de Lille spécialiste du stress.

    Fatigué : c'est normal

    « Il n'y a même rien de plus normal ! » juge le spécialiste. Entre reprise de boulot et gestion de la rentrée des enfants, avec leur cortège de rendez-vous impératifs, « on retrouve tout ce qu'on avait laissé en plan : toutes choses qui ne sont, elles, pas parties en vacances et qu'il va falloir affronter ». Seulement, l'être humain n'est pas une machine qu'il suffit de réenclencher pour passer illico en mode TGV. Quand on a vécu sur un autre tempo, se (re)lever le matin demande un effort. « Physiologiquement et psychologiquement, on ne peut que ressentir le changement de rythme, qui chez certains se manifeste même avec des troubles du sommeil », souligne Dominique Servant.

    Resynchroniser son rythme de vie (alimentation, sommeil, activité physique) demande du temps. N'écoutez donc pas les perfides « mais comment peux-tu être fatigué, tu rentres de vacances » ! Votre coup de mou est la preuve qu'elles vous ont vraiment permis de décrocher. « Et ce n'est pas parce qu'on ressent ce coup de fatigue qu'on en a déjà perdu le bénéfice. Il est bien là. Vous le ressentirez dans un deuxième temps, vers la fin de l'année. »

    Débordé, ce n'est pas grave

    « On peut être tenté de tout vouloir assumer dès le premier jour, sourit le médecin, mais ce n'est pas le cycle naturel. » Hormis pour ceux chez qui la poussée de stress est un formidable moteur, « la rentrée ne doit pas être vécue comme un changement radical, mais comme une remise en route » crescendo. Comme elle sera inévitablement émaillée de grains de sable type électroménager qui tombe en panne, sériez les urgences ! A tout vouloir gérer d'un coup en plongeant la tête la première en parfait perfectionniste, même armé des organiseurs « pour toute la famille » bardés de stickers rigolos, on risque de s'épuiser, prévient le psychiatre. « A courir, s'énerver, ne pas être patient, on finit frustré de ne pas avoir tout fait. Et le stress, c'est ça : le déséquilibre entre tout ce qui s'oppose à nos envies et celles-ci. »

    Nostalgie : profitez-en

    Bien sûr, on n'a pas envie d'oublier les repas tranquilles, la douceur des soirées de vacances. Puisque l'été se termine en pente douce, même si le temps n'est plus à l'insouciance, on peut encore s'accorder des instants à savourer, avec les enfants et/ou les amis et s'octroyer « de petites piqûres de rappel », conseille le spécialiste. Et sans aller jusqu'à se charger la barque d'exigences supplémentaires, en décidant une liste de bonnes résolutions qu'on ne tiendra pas, puisqu'à la faveur des congés « on a respiré, pris conscience d'un certain nombre de comportements négatifs », on peut aussi profiter du changement de rythme et des sollicitations qu'impose la rentrée pour garder quelques réflexes acquis cet été face à l'agitation du quotidien.

    Conserver une activité physique, un instant pour bouquiner et chiche : des moments obligatoirement déconnectés.

    * «Plus serein. Le stress et l'équilibre intérieur, un abécédaire», Editions Odile Jacob, sortie le 21 septembre.