Ourse Cannelle : le chasseur condamné à 11 000 euros

Le chasseur qui a tué en novembre 2004 l'ourse Cannelle, la dernière ourse de source pyrénéenne, a été condamné jeudi en appel à payer près de 11 000 euros à plusieurs associations écologistes.  

Ourse Cannelle : le chasseur condamné à 11 000 euros

    En première instance, René Marquèze avait été relaxé par le tribunal correctionnel de Pau, en avril 2008, pour «destruction d'espèce protégée». Mais la cour d'appel de Pau a examiné en mai dernier les demandes de dommages et intérêts des parties civiles et condamné le chasseur à un total de quelque 11 000 euros à sept des huit parties civiles, selon son arrêt rendu jeudi en délibéré.

    Ayant soutenu que le chasseur «avait agi en état de nécessité» lors d'une partie de chasse au sanglier, sa défense n'a «pas exclu un pourvoi en cassation». «Il est difficile pour un profane de comprendre qu'on puisse être complètement innocenté sur le plan pénal et qu'on puisse, pour d'autres motifs, être déclaré responsable de la mort de l'ourse», a déclaré son avocat Me Jean-Pierre Casadebaig.

    Avocat de trois associations de protection de l'environnement, Me François Ruffié a quant à lui affiché sa «grande satisfaction», lisant dans cette décision «un appel à la responsabilité individuelle» des chasseurs qui doivent «apprendre à s'autoréguler». «Rien ne remplacera l'ourse qui a disparu», a-t-il dit, mais «le délit de destruction d'espèce protégée est constitué». René Marquèze n'écopera «d'aucune sanction mais il a commis un délit, pour nous, c'est essentiel», a-t-il dit.

    «Il faut que les chasseurs évoluent dans leur comportement, collectivement mais surtout individuellement», a ajouté l'avocat, estimant l'arrêt de la cour d'appel «porteur d'avenir pour préserver la chasse elle-même mais aussi pour les autres espèces qui restent», comme le loup et le lynx.

    La mort de l'animal, en novembre 2004, avait provoqué une vague d'indignation en France, jusqu'à Jacques Chirac, alors président de la République qui s'était ému de «la grande perte pour la biodiversité en France et en Europe», incitant le gouvernement à mettre en place un plan de «renforcement de la population d'ours bruns» dans les Pyrénées avec l'introduction de plantigrades slovènes. Ce plan avait été vivement contesté par les éleveurs de l'Ariège et des Hautes-Pyrénées mais avait reçu le soutien du chanteur Renaud, parrain du premier ours relâché.