Pizzas contaminées : l’usine Buitoni de Caudry va fermer

Un an après le scandale des pizzas contaminées, Nestlé a annoncé ce jeudi la fermeture définitive de son usine du Nord.

    Des pizzas qui pourraient avoir provoqué la mort de deux enfants, et intoxiqué des dizaines d’autres. Au cœur du scandale pour avoir produit ces pizzas surgelées à pâte crue de la gamme Fraîch’Up, l’usine Buitoni de Caudry, dans le Nord, va fermer ses portes.

    La direction de l’usine avait donné rendez-vous aux représentants des salariés à 9 heures pour leur annoncer sa décision sur l’avenir du site, qui emploie 200 salariés, et dont l’activité est déjà suspendue depuis début mars en raison, selon Nestlé, d’une chute des ventes.

    Les syndicats et salariés avaient préparé un accueil particulier à leur direction ce jeudi matin, rapporte France Bleu Nord : huées et tas de fumier à l’entrée du site.

    Force Ouvrière avait demandé aux employés d’être présents dès 7 heures, chacun étant invité à poser une croix avec son nom, prénom, matricule, date d’embauche et le « 30 mars 2023″ comme fin symbolique.

    Aucun licenciement avant la fin de l’année

    « Aucun licenciement ne sera notifié avant le 31 décembre 2023 », précise le groupe dans un communiqué à l’AFP. Nestlé « s’engage en parallèle à lancer un processus de recherche de solution de reprise solide et pérenne pour l’usine » et à proposer aux salariés « une opportunité de reclassement interne ».

    « Le couperet est tombé, c’est un gâchis », a réagi devant l’usine Didier Fontaine, magasinier cariste depuis 10 ans. « Le processus de recherche de reprise d’activité » sera « la priorité des prochains mois, ainsi que le dialogue social sur le projet de cessation d’activité », insiste Nestlé dans son communiqué.

    « Je regrette que Nestlé n’ait pas trouvé de solution », mais ce n’est pas « la fin de l’histoire » pour le site, a réagi le ministre délégué à l’industrie Roland Lescure auprès de l’AFP. « Nestlé s’est engagé à trouver un repreneur, je considère qu’il y a une obligation de résultat », a-t-il insisté. Le groupe a aussi annoncé une contribution exceptionnelle de 3 millions d’euros en faveur de l’emploi sur le territoire du Cambraisis, doublant l’apport promis par l’État, a-t-il relevé.

    Une centaine de salariés se sont réunis au petit matin devant l’usine, dont les grilles ont été recouvertes de croix noires avec le nom de chacun, sa date d’embauche et le 30 mars 2023 comme fin symbolique. « Nestlé rassasié, salariés accablés », pouvait-on lire sur une banderole à l’entrée.

    « On dort très mal, on fait des cauchemars, on est inquiets », déplorait avant la réunion et l’annonce de Nestlé Christophe Dumez, un employé. « Moi, c’était mon premier boulot en sortant de l’armée. J’ai bientôt 50 ans, c’est pas le bon âge. »

    « Pour retrouver du travail dans le coin, c’est compliqué », insistait Stéphane Derammelaere, le délégué Force ouvrière, évoquant de nombreux salariés de plus de 50 ans et des couples dont les deux membres sont employés par Buitoni.

    Information judiciaire pour « homicide volontaire »

    Une information judiciaire est ouverte depuis mai dernier à Paris pour homicide involontaire dans le cas de deux victimes et blessures involontaires pour 14 autres, selon une source judiciaire.



    L’affaire remonte à février 2022, quand Santé publique France (SPF) et la Direction de la répression des fraudes (DGCCRF) sont alertées d’une recrudescence de cas d’insuffisance rénale chez des enfants, liés à une contamination par la bactérie E. coli. Les autorités sanitaires ayant établi un lien entre la consommation des pizzas Fraîch’Up de Buitoni et plusieurs cas graves de contamination, la préfecture interdit en mars toute activité dans l’usine Nestlé de Caudry, qui produit ces pizzas.

    Nestlé avance « une contamination de la farine » comme explication « la plus probable » de la présence de la bactérie sur ses pizzas. Mais d’autres causes sont évoquées, comme « la présence de rongeurs » et le « manque d’entretien et de nettoyage des zones de fabrication » de l’usine, mises en évidence par des inspections sanitaires, selon la préfecture.

    L’usine rouvre partiellement mi-décembre, après neuf mois d’arrêt, seule la ligne de pizzas à pâte cuite, non concernée par le scandale, étant autorisée à redémarrer. Mais la réouverture ne tient que deux mois et demi : le groupe annonce début mars la suspension de l’activité en raison d’une chute des ventes de pizzas surgelées, qui « a d’autant plus impacté la marque Buitoni ».

    Outre les salariés, des élus et des habitants se sont mobilisés ces derniers jours pour défendre un site qui reste le deuxième pourvoyeur local d’emplois derrière L’Oréal. Ils étaient jusqu’à un demi-millier lors d’une manifestation le 13 mars.