Covid-19 à l’école : faut-il fermer les cantines ?

Alors que les élèves sont soumis lors de cette rentrée scolaire à un dépistage massif, les réfectoires, où les enfants tombent le masque, sont pointés comme lieu de contamination. Mais les fermer aurait un coût social.

 C’est  un lieu de convivialité, ce dont manquent cruellement les enfants en cette période de pandémie. Mais dans les cantines, pas de gestes barrière. (Illustration)
C’est un lieu de convivialité, ce dont manquent cruellement les enfants en cette période de pandémie. Mais dans les cantines, pas de gestes barrière. (Illustration) LP/Philippe Lavieille

    C'est l'hypothèse ultime, qui poserait peut-être « plus de problèmes qu'elle n'en réglerait », glisse-t-on au ministère de l'Education nationale… mais qui revient toujours dès qu'on cherche une solution contre l'épidémie. Fermer les cantines, le seul lieu où les élèves tombent le masque, postillonnent, partagent un broc d'eau, est-il le dernier recours avant de décider de fermer les écoles?

    « C'est un lieu a priori dangereux puisque les gestes barrière tombent », résume Bertrand Maury, mathématicien, spécialiste en modélisation dans le milieu scolaire. « 44 % des enfants infectés le sont par d'autres adultes dans la cellule familiale, mais quid des 56 % restants? interrogeait récemment Christophe Batard, pédiatre à Vincennes (Val-de-Marne). Je ne vois pas comment la cantine ne représenterait pas un grand pourcentage. »

    Reste le coût social, notamment dans les quartiers populaires où la cantine représente pour nombre d'enfants « le seul repas correct et équilibré de la semaine », note un principal de Seine-Saint-Denis. A Marseille (Bouches-du-Rhône), ville populaire, 2000 élèves bénéficient de la cantine gratuite pour des raisons financières. « Les en priver serait une discrimination évidente », commente un prof de zone d'éducation prioritaire. Alors, au ministère, on confirme : « C'est non… pour l'instant. »

    Des capteurs pour penser à aérer les classes

    A court terme, nombre de spécialistes s'accordent à dire que l'un des leviers « rapide et réalisable » pour empêcher de fermer les établissements réside dans la ventilation. Bertrand Maury, qui fait partie d'un groupe de chercheurs, « Projet Co2 », explique : « Il faut installer des détecteurs de Co2 dans les écoles : c'est rapide, pas très cher, et cela n'a pas encore été fait à grande échelle ».

    A quoi cela sert-il? « A mesurer le taux de Co2, c'est-à-dire le dioxyde de carbone, notamment contenu dans l'air qu'on expire. Plus il y a de Co2 dans l'air d'une salle, plus celui-ci est vicié et potentiellement saturé de Covid-19, développe le chercheur. Un détecteur permettrait de savoir si la salle est fréquentable et quand il faut aérer et ventiler. »