Covid-19 au Royaume-Uni : 5 minutes pour comprendre les révélations de l’ex-conseiller de Boris Johnson

Dominic Cummings, l’une des anciennes éminences grises du Premier ministre britannique, a lancé une série d’accusations contre le gouvernement dans sa gestion de la crise sanitaire.

Dominic Cummings, ancien conseiller de Boris Johnson, a assuré devant le Parlement que le gouvernement avait échoué dans la gestion de la crise sanitaire. AFP/Daniel Leal-Olivas
Dominic Cummings, ancien conseiller de Boris Johnson, a assuré devant le Parlement que le gouvernement avait échoué dans la gestion de la crise sanitaire. AFP/Daniel Leal-Olivas

    Depuis qu’il a quitté son poste, en novembre dernier, l’ancien conseiller de Boris Johnson se lâche. À plusieurs reprises, Dominic Cummings - cerveau de la campagne du Brexit - a critiqué celui dont il a été l’un des bras droits et, plus largement, l’ensemble du gouvernement. Cette fois-ci, c’est devant le Parlement qu’il a distribué les mauvais points.

    Que s’est-il passé ?

    Ce mercredi, Dominic Cummings était interrogé par une commission parlementaire - composée des comités sciences et santé. Pendant son entretien, il a ouvertement critiqué la stratégie du gouvernement dans la lutte contre le Covid-19, accusant les uns de ne pas avoir compris la gravité de l’épidémie, les autres d’avoir menti, tous d’avoir échoué.

    Avant cette audition - que les médias avaient anticipée comme une « Domaggedon », contraction de Dominic et d’Armageddon, qui signifie apocalypse - l’ancien conseiller avait déjà déversé sa colère et ses accusations dans un très long thread de près de 70 tweets.

    Qui est mis en cause ?

    Outre le Premier ministre, Boris Johnson, qualifié à de nombreuses reprises de « pas compétent », le principal mis en cause est Matt Hancock, le secrétaire d’Etat à la santé. Il a été nommé à son poste à l’été 2018, alors que Theresa May était encore à la tête du pays, et a conservé son rôle dans le gouvernement formé par Boris Johnson.

    Quelles sont les accusations ?

    À plusieurs reprises durant son audition, Dominic Cummings a remis en question les capacités de Boris Johnson à diriger le pays. Outre les attaques personnelles envers le Premier ministre, il a surtout assuré que « des dizaines de milliers de morts auraient pu être évitées » avec une meilleure gestion et redit que le gouvernement - qui s’en est défendu - visait dans un premier temps l’immunité collective.



    Il a également assuré que Matt Hancock avait menti sur de nombreux points, notamment lorsqu’il a affirmé que les résidents des maisons de retraite hospitalisés à cause du Covid-19 seraient testés avant leur retour dans l’établissement afin d’éviter les clusters. « Nous avons découvert, par la suite, que ce n’était pas le cas », a affirmé Dominic Cummings, comme le rapporte The Guardian.

    L’ex-conseiller a également accusé Matt Hancock et tout le département de la Santé d’avoir ralenti le lancement de la vaccination par pessimisme. Selon lui, le gouvernement était tellement certain que les vaccins ne seraient pas disponibles en 2020 que la distribution a mis du temps à trouver son rythme de croisière, alors qu’elle aurait pu démarrer bien plus vite, dès le 8 décembre - jour du lancement de la campagne.

    Parmi le flot d’attaques, Dominic Cummings a reproché au secrétaire d’Etat à la Santé d’avoir très mal géré les stocks de matériel de protection et d’en avoir rejeté la faute sur le directeur de la NHS (le système de santé publique) et le ministre des Finances. Or, à en croire l’ancien conseiller de Boris Johnson, une enquête interne aurait montré que Matt Hancock avait menti et que la responsabilité de la mauvaise gestion du matériel lui incombe.

    Que répond le gouvernement ?

    Il rejette en bloc les accusations. Boris Johnson a assuré qu’une partie des affirmations de Cummings n’avaient même « aucun rapport avec la réalité » et Matt Hancock qu’elles n’étaient « pas vraies », rapporte la BBC. Cependant, le parti travailliste - dans l’opposition - reproche à ce dernier de ne pas répondre aux questions pressantes, dont certaines ont été abordées par Dominic Cummings, notamment sur le matériel de protection et les maisons de retraite.

    Qu’en est-il vraiment ?

    Comme le précise le Guardian, l’ancien conseiller n’a pas encore fourni de preuves concrètes de ses allégations. Cependant, certains scientifiques britanniques estiment qu’environ 33 000 vies auraient pu être épargnées si le gouvernement avait répondu plus rapidement à la crise. Le professeur Neil Ferguson, du Collège Impérial de Londres, avait par exemple rapidement fait savoir que si le premier confinement avait été mis en place une semaine plus tôt, 22 000 décès auraient pu être évités, rappelle le quotidien britannique. Dans la même veine, le Sage (groupe scientifique de conseils pour les urgences) avait très tôt averti des risques de deuxième vague. Là encore, des modélisations ont montré qu’avancer le deuxième confinement d’un mois aurait pu éviter 8 000 morts.

    Pour autant, et malgré les nouvelles accusations de Dominic Cummings, une enquête publique sur la gestion de la crise sanitaire n’est pas encore à l’ordre du jour de l’autre côté de la Manche. Malgré les demandes pressantes des familles de victimes et de l’opposition travailliste, le gouvernement a annoncé qu’un tel processus d’investigation ne serait lancé que l’année prochaine.