Covid-19: au Texas, les hôpitaux saturés par le variant Delta

Rien que ce week-end, 345 enfants ont été hospitalisés. Les lits Covid manquent, les autres interventions sont repoussées, parfois jusqu’aux frontières de la vie.

Les nombreux hôpitaux ruraux de l'Etat essaient de s'organiser pour compenser les carences de lits, comme ici à Bellville, 4000 habitants. AFP/François Picard
Les nombreux hôpitaux ruraux de l'Etat essaient de s'organiser pour compenser les carences de lits, comme ici à Bellville, 4000 habitants. AFP/François Picard

    Au Texas, aujourd’hui, on peut mourir d’une affection bénigne tant le système hospitalier est saturé par les patients Covid. Daniel Wilkinson, 46 ans, ancien militaire qui a passé plus de deux ans en Afghanistan, est décédé le 22 août dernier d’un calcul biliaire. Ses proches et les médecins ont vu son état se détériorer mais ils n’ont pas pu l’hospitaliser, l’essentiel des forces étant dédié aux traitements, souvent lourds, des personnes atteintes de coronavirus.

    Houston a beau abriter le plus grand quartier médical du monde, l’État ne parvient pas à enrayer la propagation du variant Delta et ses hôpitaux sont saturés. Ce lundi, 13 782 patients sont hospitalisés, selon les données de l’État, dont 2 891 sont sédatés dans un service de soins intensifs. Depuis début juillet, le nombre de patients hospitalisés a été multiplié par dix. Et en 24 heures, 1 740 nouveaux patients ont été admis pour une forme grave de coronavirus.

    « Nos hôpitaux sont quasi-pleins », confirme Roberta Schwartz, vice-présidente exécutive du Houston Methodist Hospital, un groupe hospitalier local. « Lors des vagues précédentes, nous avions un peu plus de 750 patients. À présent, nous en avons entre 820 et 850 ». Faute de place, une salle de réunion a été transformée en unité de soins.

    « Les hôpitaux ruraux essaient désespérément de trouver où envoyer leurs patients »

    CBS News a raconté l’histoire de Daniel Wilkinson. Le vétéran souffrait d’une pancréatite biliaire, c’est-à-dire qu’un calcul biliaire bloquait un canal menant au pancréas, ce qui provoquait une inflammation. Il a été hospitalisé le 21 août dans le seul hôpital de son comté, à un pâté de maisons de chez lui, dans la bourgade de Bellville, 4 000 habitants. L’établissement a tout de suite cherché à organiser son transfert en hélicoptère vers Houston, une procédure de routine qui prend généralement une trentaine de minutes. « Notre équipe et notre médecin ont travaillé sans pause pendant plus de six heures pour essayer d’obtenir ce transfert », se désole Daniel Bonk Fache, le PDG du Bellville Medical Center, auprès de l’AFP. Un médecin a proposé de prendre le patient dans son hôpital près d’Austin, la capitale, avant de se raviser cinq minutes plus tard : plus de place.

    « Tous les jours, nous recevons des appels de responsables d’hôpitaux ruraux qui essaient désespérément de trouver où envoyer leurs patients », avoue John Henderson, président de l’association Torch, qui regroupe ces établissements. Immense, le Texas en compte 158, soit plus que tout autre État. Selon Henderson, le cas de Daniel Wilkinson ne fait en rien exception, il en compte en moyenne un par jour.

    Pour pallier l’urgence, le Texas fournit à ces hôpitaux ruraux des respirateurs, de l’oxygène et des anticorps monoclonaux qui aident à stabiliser les patients. Un dispositif pour faire venir des infirmiers d’autres États est aussi en cours de mise en place.



    L’État connaît un fort mouvement d’opposition aux restrictions sanitaires, emporté par le très conservateur gouverneur Greg Abbott, et de réticence face au vaccin. Au Texas, 49,3 % des 29 millions d’habitants ont été pleinement vaccinés. C’est bien moins que la moyenne des États-Unis, qui s’établit à 54,2 %.

    Si les soignants texans relèvent que la quasi-totalité des patients n’étaient pas vaccinés avant de contracter le Covid, ils remarquent aussi la dégringolade dans la pyramide des âges des malades : les trentenaires sont les plus contaminés, suivis des jeunes dans la vingtaine. Et même des très jeunes : rien que ce week-end, selon le département de la santé de l’État, 345 enfants ont été hospitalisés. Dimanche il ne restait que 73 lits disponibles dans les unités de soins intensifs pédiatriques.