Covid-19 : « Il n’y a jamais eu d’essai thérapeutique », se défend Didier Raoult

Seize sociétés savantes de médecine avaient interpellé dimanche les autorités sur une absence de sanctions visant Didier Raoult, ancien patron de l’IHU de Marseille, sur l’hydroxychloroquine.

« Les données sont disponibles et exhaustives. Elle sont certifiées et elles serviront pour l’Histoire », a justifié Didier Raoult. LP/Olivier Lejeune
« Les données sont disponibles et exhaustives. Elle sont certifiées et elles serviront pour l’Histoire », a justifié Didier Raoult. LP/Olivier Lejeune

    « Il n’y a jamais eu d’essai thérapeutique ». Le controversé professeur Didier Raoult s’est défendu ce mardi, après la mise en garde de plusieurs sociétés savantes de médecine fustigeant l’étude de l’ancien patron de l’IHU de Marseille portant sur l’hydroxychloroquine. « Tout ça n’est qu’une étude observationnelle », comme d’autres structures médicales ont pu en mener lors de la pandémie de Covid-19, a-t-il assuré au micro de BFMTV.

    « Les données sont disponibles et exhaustives. Il y a tout dedans : tous les patients qui ont été traités à l’IHU pendant deux ans, tous leurs traitements. (…) Les données sont certifiées et elles serviront pour l’Histoire », a-t-il poursuivi. Des ordonnances systématiques d’hydroxychloroquine ont bien été prescrites en nombre, a-t-il reconnu. Mais ces ordonnances préremplies répondaient à un impératif d’organisation, s’est-il encore défendu.

    « Ça a été un défi absolument considérable »

    « Vous n’avez pas la moindre idée de ce que c’est, de recevoir 200 000 personnes pour les tester et d’en traiter 34 000. (…) La plupart des choses étaient prépréparées de manière à ce que l’on puisse gérer 100 personnes en l’hôpital de jour par jour. Ça a été un défi absolument considérable ».

    Dimanche, seize sociétés savantes de médecine ont interpellé les autorités dans une tribune publiée dans le Monde sur une absence de sanctions face au « plus grand essai thérapeutique sauvage connu », dénonçant l’étude de Didier Raoult, ancien patron de l’IHU de Marseille, sur l’hydroxychloroquine.

    Ces sociétés reprochent à des équipes de l’Institut hospitalier universitaire (IHU) Méditerranée Infection « la prescription systématique, aux patients atteints de Covid-19 (…) de médicaments aussi variés que l’hydroxychloroquine, le zinc, l’ivermectine ou l’azithromycine (…) sans bases pharmacologiques solides, et en l’absence de toute preuve d’efficacité ». Cet essai aurait eu lieu entre 2020 et 2021.

    Des effets indésirables potentiellement « graves »

    Plus grave, selon elles, ces prescriptions ont été poursuivies « pendant plus d’un an après la démonstration formelle de leur inefficacité ». Les autorités doivent prendre « les mesures adaptées aux fautes commises », au nom de la « sécurité des patients » et de la « crédibilité de la recherche médicale française », concluent-elles. Le Pr Didier Raoult, qui avait acquis une célébrité médiatique en tenant des positions, aujourd’hui discréditées, sur le Covid-19, a publié en mars un « pre-print », c’est-à-dire une version non relue par des pairs, de son étude sur plus de 30 000 patients Covid.



    En avril, l’Agence du médicament (ANSM) avait estimé que l’utilisation de ce médicament « expose les patients à de potentiels effets indésirables qui peuvent être graves ». Le parquet de Marseille avait ouvert en juillet 2022 une information judiciaire, après un rapport cinglant de l’ANSM, pour « faux en écriture », « usage de faux en écriture » et « recherche interventionnelle impliquant une personne humaine non justifiée par sa prise en charge habituelle ».