Même «ultra-passif», le tabagisme est dangereux pour la santé

L’exposition à la « fumée tertiaire », c’est-à-dire une simple odeur de tabac froid dans une pièce, présente des risques selon une étude américaine.

 Les résidus présents dans la fumée de tabac peuvent infiltrer les pièces bien ventilées en se déposant sur les vêtements, la peau et les cheveux des individus.
Les résidus présents dans la fumée de tabac peuvent infiltrer les pièces bien ventilées en se déposant sur les vêtements, la peau et les cheveux des individus. LP/Jean-Baptiste Quentin

    L'odeur de tabac froid présente dans une pièce, ou encore celle qui accompagne un fumeur, pourrait, en plus d'être désagréable, présenter des risques pour la santé. C'est le constat d'une nouvelle étude américaine publiée mercredi par des scientifiques de l'université de Yale, parue dans la revue Science Advances.

    Les résidus présents dans la fumée de tabac peuvent infiltrer les pièces bien ventilées en se déposant sur les vêtements, la peau et les cheveux des individus, puis ils s'évaporent lentement dans le temps, un processus qu'on appelle « dégagement gazeux ».

    Ces résidus de fumée - « fumée tertiaire » ou « thirdhand smoke » en anglais -, peuvent occasionner du « tabagisme ultra-passif ». Ainsi, un dispositif de prélèvement high-tech a été placé dans les conduits d'évacuation d'air d'un cinéma en Allemagne, où il est interdit de fumer depuis 15 ans. Il a permis aux scientifiques de constater que la « fumée tertiaire » qui y était présente exposait les spectateurs à un « tabagisme ultra-passif » équivalent à entre une et 10 cigarettes, selon les substances.

    Benzène, formaldéhyde…

    Durant quatre jours, les niveaux de 35 produits chimiques liés au tabac ont augmenté lorsque des spectateurs entraient dans le cinéma. Cela inclut des composés chimiques pouvant provoquer le cancer, comme le benzène et le formaldéhyde.

    Les effets étaient particulièrement intenses lors de la projection de films pour adultes, comme « Resident Evil ». Selon les auteurs de l'étude, cela pourrait être lié au fait que ces films attirent un public plus âgé, ayant plus de chances d'avoir été exposé à de la fumée de tabac.

    « Nos travaux établissent qu'il y a un dépôt substantiel de composants de fumée tertiaire par des personnes au sein d'un vrai environnement intérieur non-fumeur », a déclaré Drew Gentner de l'université de Yale. Il a néanmoins reconnu que déterminer le niveau précis de risques sanitaires pour les individus était au-delà du champ de l'étude actuelle, et pouvait dépendre d'une variété de facteurs, notamment la fréquence de l'exposition aux produits chimiques et la proximité des personnes de la source d'émission de ces polluants.

    Quant au tabagisme passif classique, lié à la fumée dite « secondaire », a été étudié depuis des décennies. Il augmente les risques de problèmes cardiaques et de cancer des poumons, bien que le niveau de risques exact ait été contesté par des études récentes.