«Ma fille est morte d’une méningite en 24 heures» : une mère lance un manifeste

À l’approche de la journée nationale de lutte contre la méningite, ce samedi, l’Institut Pasteur et les associations appellent à mieux faire connaître cette maladie qui peut être mortelle.

 La seule manière de se protéger de la méningite est le vaccin, obligatoire chez les nourrissons depuis 2018.
La seule manière de se protéger de la méningite est le vaccin, obligatoire chez les nourrissons depuis 2018. LP/Jean-Baptiste Quentin

    « Si j'avais été mieux informée sur les risques liés à la méningite à l'époque, ma fille serait encore vivante. Au lieu de ça, elle est partie en moins de 24 heures. » Patricia Merhant-Sorel a perdu sa fille d'une méningite bactérienne en 2003, alors qu'elle n'avait pas 4 ans. « J'ai d'abord cru que c'était une gastro ou une mauvaise grippe. En tant que parent, on ne peut pas imaginer qu'une maladie puisse foudroyer un enfant de cette façon. » Aujourd'hui, cette habitante du Havre (Seine-Maritime) préside l'association Petit Ange, qui lance ce jeudi matin, en collaboration avec une autre association de patients, l'association Audrey, un manifeste pour une meilleure prise en charge de la maladie qui lui a pris sa fille. Il est soutenu par l'Institut Pasteur.

    Dans le manifeste, les associations demandent, entre autres, une campagne de sensibilisation pour le grand public sur la maladie, mais aussi davantage de formation pour les professionnels de santé. Elles appellent aussi à des mesures afin de faciliter la vie des familles touchées par un décès, ou étant en difficulté avec les procédures administratives liées à un handicap.

    « Les médecins ne se sont pas inquiétés »

    La méningite est une infection virale ou bactérienne des méninges, les membranes qui entourent le cerveau et la moelle épinière. Elle peut se déclarer chez les enfants et les jeunes adultes, mais touche principalement les nourrissons de moins de 1 an. Les symptômes ressemblent d'abord à ceux d'une gastro-entérite : fièvres, vomissements…

    La lumière et le bruit font aussi mal à la tête, la nuque est raide. Quelques heures après l'infection, l'apparition de purpura fulminans —des taches rouges ou violettes qui recouvrent progressivement les membres inférieurs— doit immédiatement alerter. Ce symptôme n'apparaît pas forcément, mais c'est l'une des complications les plus graves. Si la méningite n'est pas traitée très vite, elle entraîne la mort dans 10 % des cas, et laisse également un patient sur cinq en situation de handicap lourd.

    Les généralistes, souvent mal informés, ne réagissent pas assez vite. « Des taches sont apparues sur les jambes de ma fille tôt le matin. J'ai appelé plusieurs médecins, qui ne se sont pas inquiétés des symptômes », se souvient Patricia Merhant-Sorel. Elle ne finit par trouver un médecin qu'à 10 heures qui reconnaît immédiatement le purpura fulminans, et appelle tout de suite le Samu. Mais il est déjà trop tard. « Aujourd'hui, mon combat est clair : informer les parents pour que ce qui m'est arrivé n'arrive plus jamais. Je reçois des témoignages de parents d'enfants morts ou handicapés à cause de la méningite tous les jours. »

    Les 16-24 ans plus exposés

    La seule manière de se protéger de la méningite est le vaccin, obligatoire chez les nourrissons depuis 2018. « Depuis l'obligation vaccinale, les chiffres des enfants morts par méningite baissent de façon très satisfaisante », déclare Muhamed Kheir Taha, membre de l'Institut Pasteur. « Mais c'est le cas uniquement pour les enfants nés après 2018, et on retrouve aujourd'hui beaucoup de cas chez les adolescents et les jeunes adultes. » Selon lui, la deuxième population la plus touchée par la méningite est celle des 16-24 ans.

    « C'est une tranche d'âge où l'infection peut circuler beaucoup avant de se déclarer. Il est indispensable de se vacciner lorsque l'on en fait partie. » Mais il existe de nombreuses méningites différentes, et le vaccin n'immunise pas contre chacune d'entre elles. « Bien sûr, le risque de contracter une souche différente de la maladie en étant vacciné est extrêmement faible, d'autant plus que la méningite reste très rare. Il est cependant très important de savoir repérer les signes, pour se protéger soi et les autres. »

    Le Parisien
    Le Parisien LP/Jean-Baptiste Quentin