Ronapreve, Molnupiravir, AZD7442... où en sont les traitements contre le Covid ?

Alors que des annonces de potentiels futurs médicaments se multiplient, on fait le point sur l’état d’avancement des médicaments contre le coronavirus.

Les Etats-Unis ont déjà prévu d'acheter 1,7 million de dose de Molnupiravir si la pilule du laboratoire Merck était approuvée par les autorités de santé américaines. REUTERS/Merck & Co Inc
Les Etats-Unis ont déjà prévu d'acheter 1,7 million de dose de Molnupiravir si la pilule du laboratoire Merck était approuvée par les autorités de santé américaines. REUTERS/Merck & Co Inc

    Outre la conception et la distribution des vaccins, plusieurs laboratoires travaillent depuis plus d’un an à l’élaboration d’un traitement sans risque pour la santé efficace contre le Covid-19. En août 2021, certains d’entre eux annonçaient des avancées majeures. Où en sont-ils aujourd’hui ?

    Le Ronapreve

    Ce potentiel antiviral a fait un pas vers sa commercialisation lundi 11 octobre, lorsque l’agence européenne du médicament (EMA) a annoncé que le laboratoire Roche, qui l’élabore, avait déposé une demande de mise sur le marché dans l’Union européenne. L’EMA a précisé qu’elle « pourrait émettre un avis dans les deux mois ».

    En France, depuis début août, les personnes immunodéprimées peuvent même bénéficier d’une « autorisation d’accès précoce » à ce sérum.

    Le Ronapreve, s’il est autorisé, pourra être administré à la fois aux personnes infectées et à celles jusqu’à présent épargnées, en prévention. Il comporte cependant deux inconvénients : son mode d’administration, par injection, qui nécessite une surveillance à l’hôpital et son prix déjà élevé, estimé à environ 1 700 euros la dose.

    Le Molnupiravir

    Une autre nouvelle est tombée lundi 11 octobre, concernant le Molnupiravir cette fois. Le laboratoire américain Merck, qui le développe, a annoncé avoir déposé une demande d’autorisation en urgence aux États-Unis auprès des autorités de santé du pays.



    Plus pratique que le Ronapreve, il prend la forme d’un comprimé à avaler après avoir été testé positif et est censé réduire le risque d’apparition des formes graves.

    Début octobre, le géant pharmaceutique avait annoncé fièrement des résultats prometteurs au cours d’un essai clinique de phase 3 (la dernière avant la possible commercialisation) réalisé sur 775 patients atteints d’un Covid modéré et ayant un facteur de risque aggravant. Le taux d’hospitalisation ou de décès chez les personnes ayant reçu le médicament a été de 7,3 %, contre 14,1 % chez ceux ayant eu un placebo.

    « Cette communication me paraît un peu prématurée », tempère tout de même Pierre Tattevin, professeur en maladies infectieuses au CHU de Rennes. « Ce que déclare le laboratoire est très intéressant, mais c’est dans leur intérêt et je pense que leurs données ne sont pas assez solides pour l’instant », pointe-t-il du doigt.

    L’AZD7442

    La journée du 11 octobre a décidément été importante pour un grand nombre de projets de médicaments et le candidat d’AstraZeneca, l’AZD7442 en fait partie. Le laboratoire britannique a publié ses résultats positifs obtenus après un essai clinique de phase 3. « Les patients faisant l’objet de symptômes de la maladie depuis sept jours ou moins ayant reçu une dose d’AZD7442 ont vu réduit de 50 % le risque de contracter une forme grave ou de décéder, comparé à ceux ayant reçu un placébo », précise le communiqué.

    Ce projet d’antiviral dit « préventif », c’est-à-dire pouvant être injecté à des patients non contaminés, pourrait réduire le risque de contracter le virus.

    AstraZeneca n’a pas attendu le résultat de l’essai pour avancer dans la course, le laboratoire ayant d’ores et déjà déposé une demande d’autorisation pour l’utilisation de l’AZD7442 aux États-Unis, auprès de l’autorité américaine du médicament (FDA).

    Le XAV-19

    Il est certainement le projet français le plus avancé. Le XAV-19, du laboratoire nantais Xenothera attendait les résultats transitoires de ses essais cliniques fin septembre mais devra attendre un peu plus longtemps que prévu. « Le CHU de Nantes devrait finalement nous les fournir avant mars 2022 », précise au Parisien Odile Duvaux, présidente de Xenothera qui assure tout de même que « les informations préliminaires confirment son intérêt thérapeutique et son caractère bénin ».

    Destiné aux patients atteints de Covid modéré, ce traitement a pour objectif d’éviter leur transfert en réanimation. Le 8 juillet 2021, Xenothera avait reçu l’avis scientifique accéléré de l’Agence européenne des médicaments (EMA). « L’EMA a validé l’approche présentée par Xenothera, en particulier la qualité du médicament, la validité des analyses précliniques et toxicologiques, et l’approche générale du plan de développement clinique du XAV-19 », a annoncé la biotech dans un communiqué. Un mois auparavant, l’État français en avait déjà commandé 30 000 doses.

    Des avancées certaines même s’il convient de ne pas placer « trop d’espoirs dans ces projets », selon Pierre Tattevin. Pas de nouvelles en revanche concernant le Tocilizumab du laboratoire Roche, toujours en cours d’évaluation par l’EMA.