Santé mentale des enfants : « On traite les gamins comme on traite la terre, avec des pesticides »

Ava, 15 ans, est soignée au Prozac et au Valium depuis neuf mois. Augustin, 12 ans, prend des anxiolytiques depuis ses 9 ans. Désemparés, leurs parents dénoncent une situation d’« une violence extrême ».

« Personne ne veut nous aider à soigner notre enfant », s'alarme Vanessa, la maman d'Augustin, qui vit avec sa famille dans la campagne bretonne. LP/Stéphane Cuisset
« Personne ne veut nous aider à soigner notre enfant », s'alarme Vanessa, la maman d'Augustin, qui vit avec sa famille dans la campagne bretonne. LP/Stéphane Cuisset

    Parfois, quand Augustin (les prénoms des enfants ont été changés) absorbe ses médicaments, « son regard devient terrible », décrit Muriel, sa grand-mère. « Un regard vague, entre la méfiance et la méchanceté, un peu comme s’il était dans un autre monde. » Depuis trois ans, l’enfant de 12 ans ingère consciencieusement, chaque soir, son traitement prescrit par la pédopsychiatre. « Un médicament pour adulte qui l’apaise mais le fait vite somnoler », précise sa mère, Vanessa, 36 ans. « Une dose de cheval », résume la grand-mère, bénévole à l’Unafam, l’Union nationale des amis et familles de personnes malades psychiques.

    Dans la famille, tout le monde sait bien que ces médicaments, c’est un pis-aller — « une camisole chimique » — contre les troubles de cet enfant, qui n’ont pas encore été diagnostiqués. Mais ces pilules, au moins, apportent « un léger mieux », dit la maman. Et permettent à Augustin d’aller au collège, en 5e, où il peut bénéficier d’horaires aménagés. Car il a du mal à se concentrer.