Séismes : pourquoi 2018 sera une année dévastatrice (ou pas)

Une étude récente prédit une hausse du nombre de séismes graves en 2018 sur la base d’une corrélation uniquement statistique entre rythme de rotation de la Terre et activité sismique.

 En se basant sur l'activité sismique depuis 1900, deux sismologues américains assurent que 2018 sera une année de forts séismes. (Illustration)
En se basant sur l'activité sismique depuis 1900, deux sismologues américains assurent que 2018 sera une année de forts séismes. (Illustration) AFP/Alberto Pozzoli

    Ce n'est pas encore une controverse mais l'affaire agite la planète scientifique depuis une semaine. En se plongeant dans une analyse statistique de tous les séismes de magnitude supérieure à 7 depuis 1900, des chercheurs américains ont découvert que les événements les plus graves se multipliaient lors des périodes de ralentissement du rythme de rotation de la Terre. Comme nous sommes entrés depuis quatre ans dans l'une de ces phases de «freinage », d'aucuns prévoient une année cataclysmique en 2018. Seul hic, si la corrélation statistique est incontestable, personne n'a encore compris le lien de causalité entre les deux événements.

    L'étude en question a été publiée en août par Roger Bilham de l'université du Colorado et Rebecca Bendick, de l'université du Montana. Ils ont identifié 5 années durant le siècle dernier pendant lesquelles le nombre de séismes majeurs est passé de 15 à 20 à une trentaine par an. Et à chaque fois, ces périodes suivaient un épisode d'environ 4 ans de ralentissement de la Terre, épisode survenant tous les 25-30 ans. «L'interférence est claire », selon ces scientifiques, qui prévoient pour l'an prochain «une hausse significative » de ces événements.

    VIDEO ANIMEE. Les grands séismes des 100 dernières années

    La Terre ralentit depuis 4 ans

    Pourquoi 2018? Parce que dans leur schéma, la multiplication des séismes commence à peu près lors de la cinquième année consécutive de ralentissement de la Terre. Or, la Terre est en ralentissement accéléré depuis 2014... «Nous avons eu 6 séismes majeurs cette année, nous pourrions facilement en avoir 20 dès l'an prochain », a donc déclaré Roger Bilham à l'Observer en début de semaine.

    Sauf que, comme le rappelait le sismologue Robin Lacassin ce vendredi-même sur France Inter, «le fait qu'il y ait corrélation ne veut pas dire que les deux phénomènes sont liés ». En effet, il est scientifiquement impossible d'affirmer, sur la base de seulement 5 épisodes de corrélations, qu'un sixième va survenir, tant que le lien de causalité n'a pas été découvert. D'autant que l'année 2017 a été marquée par un nombre très faible de séismes majeurs, ce qui ne rentre pas dans le schéma théorique des deux sismologues.

    Pour l'heure rappelle ici l'astrophysicien américain Ethan Siegel, tant que cette hypothèse n'a pas été prouvée, le refroidissement progressif du noyau terrestre et ses répercussions, via le champ magnétique interne, sur la croûte, demeure la principale cause d'instabilité de la surface terrestre.

    Pourquoi la Terre ralentit ?