Tickets restos pour les fruits et légumes : une fausse bonne idée ?

Tickets restos pour les fruits et légumes : une fausse bonne idée ?

    Ils servaient jusqu'à présent à acheter de la viande dans les boucheries-charcuteries, des sandwiches dans les boulangeries et bien sûr à payer les repas dans les restaurants. Les tickets-restaurants vont bientôt permettre d'acheter des fruits et légumes. Les députés ont voté un amendement en ce sens dans la nuit de lundi à mardi. Mais déjà, de nombreuses voix - restaurateurs comme association de consommateurs - s'élevent pour dénoncer l'extension de ce dispositif.

    2,7 millions de salariés concernés

    «Cette mesure a pour objet d'étendre l'utilisation du titre-restaurant auprès des détaillants en fruits et légumes, afin que les 2,7 millions de salariés qui en bénéficient puissent plus facilement consommer» cinq fruits et légumes par jour, a justifié l'un des députés UMP à l'origine de cet amendement, Valérie Boyer.

    Mme Boyer avait préconisé cette mesure dans un rapport sur la prévention de l'obésité en septembre dernier.  Il en va aussi de la défense des commerces de proximité avec cette mesure «indolore pour les finances publiques», estiment les députés.

    Levée de boucliers à UFC-Que Choisir

    Si les arguments ont convaincu une majorité de parlementaires cette nuit à l'Assemblée, c'est encore loin d'être le cas chez les restaurateurs. Ainsi pour  Didier Chenet, président du syndicat des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat), cette décision dénature  le principe même de l'utilisation du ticket-restaurant. «A force de le dévoyer, on va finir par dire que c'est une niche fiscale et on va le supprimer», craint-il.

    Parce que le ticket-restaurant à l'origine, destiné aux salariés qui n'avaient pas de cantine, a  vite été étendu à l'achat de plats chauds, puis à la vente à emporter, y compris dans les grandes surfaces, il risque aujourd'hui de «perdre de sa spécificité» et donc de «devenir du simple papier monnaie», poursuit Didier Chenet. Or les tickets-restaurants, «ce sont des avantages fiscaux et des avantages sociaux».

    Même levée de boucliers à l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, qui pointe du doigt le caractère «cosmétique» de l'amendement. Pour l'association de consommateurs, «tout le monde ne dispose pas de tickets-restaurants. Et cela ne concerne que des salariés de certaines entreprises », relève Olivier Andrault, chargé de mission dans l'association. Selon lui, cette mesure ne permettrait pas à l'ensemble de la population de consommer plus de fruits et légumes.

    Une assemblée générale extraordinaire vendredi

    Dans le camp des opposants, la Commission nationale des titres-restaurants, elle aussi, craint des dérives. « Le titre-restaurant doit être utilisé pour acheter un repas ou une préparation alimentaire immédiatement consommable. Ce n'est pas un titre alimentaire», soutient Vincent Gallego, secrétaire général de la CNTR.

    L'organisme habilité à distribuer des autorisations aux restaurants, aux distributeurs, boucheries, charcuteries ou traiteurs est également

    chargé du bon fonctionnement du système. En février, une charte avec la grande distribution avait été signée pour éviter «les dérives» d'utilisation du ticket-restaurant pour des produits alimentaires qui ne seraient pas consommables immédiatement.

    La CNTR a  décidé d'organiser une assemblée générale extraordinaire vendredi 13 mars, pour décider des suites à donner à l'amendement voté par les députés.