Un astéroïde a frôlé la Terre : pourquoi on l’a appris au dernier moment

Un objet de quelques dizaines de mètres de diamètre est passé à environ 73 000 km de la Terre, une petite distance à l’échelle spatiale.

 Des astéroïdes passent de temps en temps à une distance de la Terre inférieure à celle qui nous sépare de la Lune. (Illustration)
Des astéroïdes passent de temps en temps à une distance de la Terre inférieure à celle qui nous sépare de la Lune. (Illustration) AFP

    Un astéroïde qui « frôle » la Terre, cela arrive de temps en temps. Mais ce qui est plus rare, c'est de le découvrir particulièrement tard, car ce genre d'événement est le plus souvent anticipé.

    Dans la nuit du 24 au 25 juillet dernier, un astéroïde baptisé « 2019 OK » est passé à environ 73 000 km de la Terre, soit un cinquième de la distance entre notre planète et la Lune. Si l'existence de cette masse rocheuse était connue par la Nasa depuis le 28 juin, on n'a découvert qu'il allait nous frôler que le 24 juillet, soit la veille de son passage, ont rapporté des médias américains ce week-end.

    En cause, principalement : la petite taille de ce bloc rocheux, d'un diamètre compris entre 40 et 130 mètres. Or, plus l'astéroïde est petit, plus la réflexion de la lumière est faible et plus il est difficile pour un télescope de repérer la roche. Car les scientifiques observent les astéroïdes via des télescopes, qui détectent la lumière solaire réfléchie par ces masses rocheuses. « On observe à la fois sa brillance et le pouvoir réfléchissant de sa surface », nous précise Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des astéroïdes. En janvier 2018, le passage d'un autre objet rocheux près de la Terre avait bien été annoncé avec deux semaines d'avance … mais l'astéroïde avait une taille de 1,1 km.

    Renforcer les moyens de détection

    Beaucoup d'experts pointent un manque de moyens adaptés pour repérer un astéroïde aux dimensions aussi faibles. « Dans les années 1990, le but était de recenser 90 % des objets plus gros que 1 km. Aujourd'hui, le programme vise à descendre au seuil de 140 m, mais on en connaît pour l'instant que 20 à 30 % », indique Patrick Michel.

    Plusieurs experts appellent la Nasa, parmi d'autres agences, à accorder une priorité plus importante à la détection de tous les astéroïdes, quelle que soit leur taille. « Nous disposons de la technologie pour détecter ces petits astéroïdes, à condition de s'y engager dès maintenant », a estimé auprès du Washington Post Alan Duffy, un astronome australien. Un nouveau télescope puis puissant devrait être installé dans les prochaines années aux Etats-Unis.

    Mais faut-il pour autant à tout prix recenser les dizaines de milliers d'astéroïdes qui se baladent dans l'espace ? En-dessous de 100 m de diamètre, « par rapport aux moyens qu'il faudrait y mettre, le jeu n'en vaut pas la chandelle », estime Patrick Michel, rappelant que le risque d'impact est de toute façon très faible.

    Reste qu'un tel caillou, même de petite taille, peut causer d'importants dégâts en entrant dans l'atmosphère. Le 15 février 2013, en Sibérie, un astéroïde de 20 m de diamètre s'était désintégré à seulement 20 km du sol, ses fragments blessant environ 1000 personnes en retombant. Ces événements restent heureusement très rares.