Un astéroïde qui va nous «frôler» samedi ? Pourquoi ça n’a pas de sens

Un bloc rocheux d’un diamètre d’environ 500 mètres devrait passer à 8 millions de kilomètres de la Terre.

 Des astéroïdes passent de temps en temps à plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres de la Terre. (Illustration)
Des astéroïdes passent de temps en temps à plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres de la Terre. (Illustration) AFP

    Peut-être avez-vous lu ou entendu qu'un astéroïde allait nous « frôler » ce samedi. En réalité, ce bloc rocheux, baptisé 2006 QQ23, devrait passer à 8 millions de kilomètres de la Terre. Une distance qui empêchera de ressentir et même de voir quoi que ce soit de spécial. « L'espace est tellement grand et vide que 8 millions de kilomètres ça ne parait peut-être pas grand-chose à l'échelle spatiale, mais cet astéroïde ne nous frôlera pas. L'idée de frôler est qu'il va nous perturber, alors que ce ne sera pas du tout le cas. C'est plutôt la Terre qui va le perturber », rassure auprès du Parisien l'astrophysicien Patrick Michel.

    Ce dernier raconte avoir reçu ces derniers jours plusieurs lettres ou mails de personnes lui faisant part de leur angoisse. « Une dame était complètement obsédée. Je l'ai rappelée et je n'arrivais pas à la rassurer, alors qu'il n'y a aucun risque de collision à court terme pour les astéroïdes que l'on connaît », indique ce directeur de recherche au CNRS.

    Reste que seuls 20 à 30% des astéroïdes d'au moins 140 mètres de diamètre et qui se baladent dans l'espace sont connus. Et leur trajectoire n'est pas toujours parfaitement anticipée par la communauté scientifique. Dans la nuit du 24 au 25 juillet dernier, le passage de l'un d'eux à environ 73 000 km de la Terre n'avait été annoncé que quelques heures avant. En cause, notamment, sa petite taille de diamètre, comprise entre 40 et 130 mètres.

    Opportunité scientifique

    Ce qui est d'ailleurs assez remarquable pour l'événement prévu samedi, c'est la taille importante de ce nouvel astéroïde, estimée à 570 m de diamètre. D'habitude, ceux qui passent « près de » la Terre à l'échelle spatiale mesurent plutôt quelques dizaines de mètres de diamètre. « Pour le coup, à partir d'un seuil de 100 m, c'est une taille assez importante et pour laquelle ça peut faire très mal en cas d'impact », indique Patrick Michel.

    Ce qui, rappelons-le, ne se produira pas ce samedi puisque le bloc rocheux passera à huit millions de kilomètres de nous. En février 2018, un astéroïde de 1,1 km de diamètre était passé à 4,2 millions de kilomètres de la Terre. Et plusieurs fois par an, des rochers de plusieurs dizaines de mètres s'approchent de nous, à des distances qui restent raisonnables (au moins plusieurs dizaines de milliers de km). « Ce genre de passages, c'est plutôt une opportunité. Plus les astéroïdes passent près et mieux on peut les observer avec des radars, ce qui permet d'avoir des informations plus fiables sur leur trajectoire future », estime Patrick Michel.

    Est-ce à dire qu'un impact avec la Terre a zéro chance de se produire? Non. Le 15 février 2013, en Sibérie, un astéroïde de 20 m de diamètre s'était désintégré à seulement 20 km du sol, ses fragments blessant environ 1 000 personnes en retombant. Et la Nasa et l'Agence spatiale européenne (ESA) calculent en permanence des probabilités de collision pour les astéroïdes connus. Concernant Bennu, ce gros caillou de 500 mètres de diamètre actuellement étudié par une sonde américaine, cela pourrait se produire le 21 septembre 2135. Mais la probabilité est de seulement une chance sur… 2 700.