Une association de l’Aisne se bat contre la disparition des chemins communaux

Vie et Paysages réclame un changement de loi pour rendre aux randonneurs, cavaliers et chasseurs ces parcelles souvent remises en culture par les agriculteurs et qui servaient également de refuges de aux petits animaux.

 Plus de 200 000 km de chemins communaux auraient disparu depuis soixante ans.
Plus de 200 000 km de chemins communaux auraient disparu depuis soixante ans. LP/Aurélie Audureau

    À l'heure où les amoureux de randonnées sont de plus en plus nombreux, plus de 200 000 km de chemins communaux auraient disparu ces soixante dernières années, car les riverains, souvent des agriculteurs, finissent par les accaparer selon l'association Vie et Paysages, dans l'Aisne. Elle a lancé une pétition : près de 25 000 signatures ont été recueillies à ce jour sur un site pourtant assez discret et demande notamment un changement de la loi.

    Le dossier est sur le bureau du ministère de la Cohésion des territoires. La solution reposerait sur la possibilité de réaliser des échanges de bandes de terre sans enquête publique : « ça peut durer des années, prévient Jacky Boucaret, référent chemins ruraux de l'association. Cela donne vraiment une mauvaise image des agriculteurs. Même si j'ai conscience que c'est le seul moyen trouvé pour manœuvrer leurs engins. Les sénateurs et les députés ont voté pour la réalisation d'inventaires en vue de ces échanges mais le conseil constitutionnel en 2016 a annulé ces décisions sur la forme, pas sur le fond. Depuis, rien ne bouge, car le sujet n'est pas une priorité… »

    Cinq ans de procédures pour un kilomètre

    Bretagne, Dordogne… Jacky Boucaret se bat pour la réouverture d'une dizaine de chemins ruraux. « Je ne lâche jamais » avertit-il. Denis Carion, le maire de Dammard (Aisne) en sait quelque chose. Il a fallu passer devant plusieurs tribunaux administratifs pour qu'il accepte qu'un kilomètre de chemin communal soit enfin accessible aux promeneurs. Soit plus de cinq ans de procédures. Deux agriculteurs, dont un membre de sa famille, avaient « confisqué » cette parcelle large de 6 m : « Je vais finalement devoir me conformer à ces décisions de justice », peste Denis Carion.

    L'association estime que la disparition des chemins ruraux est regrettable pour les promeneurs, randonneurs, cavaliers et chasseurs : « Elle participe aussi au massacre de nos bocages, refuges de petits animaux, et de nos paysages ruraux, autrefois sillonnés de haies protectrices qui délimitaient les champs et prairies et abritaient un corridor de biodiversité », s'attriste Jacky Boucaret.