Vente d'alcool aux mineurs : les avis des médecins divergent

Vente d'alcool aux mineurs : les avis des médecins divergent

    Les députés ont voté lundi l'interdiction de la vente d'alcool et de tabac à toute personne âgée de moins de 18 ans, dans le cadre de l'examen du volet prévention et santé publique du texte santé de Roselyne Bachelot.

    «Plus on consomme tôt, plus il y a des risques»

    Deux psychiatres, Alain Rigaud et Guy Caro, expriment deux avis différents sur cette interdiction. Le premier, président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, est favorable à cette loi, tandis que le deuxième, spécialiste des questions d'alcoologie en Bretagne, fait part de ses réserves.

    «Plus on consomme tôt de l'alcool, plus il y a des risques ultérieurs en termes médicaux. (...) L'interdiction de vente aux mineurs va alerter les plus hésitants, les moins déterminés, en leur faisant prendre conscience que ces boissons comportent des risques. Elle responsabilisera les professionnels de la distribution avec une loi plus lisible et donc plus facilement applicable», estime le Dr Rigaud.

    «La loi va pousser les jeunes à s'opposer»

    De son côté, le Dr Caro pense au contraire que cette interdiction sera «inefficace. Aujourd'hui des jeunes de 12, 13, 14, 15 ans se procurent des boissons alcoolisées en les faisant acheter par des copains plus âgés. Cette loi erronée risque de provoquer des effets pervers dangereux, en renforçant les tendances des jeunes à s'opposer».

    En revanche, Alain Rigaud reconnaît que «la lutte contre l'alcoolisme ne peut s'appuyer uniquement sur un interdit mais aussi sur une dimension éducative». Une démarche préconisée également par son confrère : «Savoir boire, c'est être capable d'apprécier les boissons, alcoolisées ou non, et d'en maîtriser les risques, individuellement et collectivement. La réponse au problème, ce n'est pas d'abord l'interdit, mais l'éducation. Parce que boire de l'alcool, cela s'apprend».