Virus chinois : cinq minutes pour comprendre l’épidémie

Le « 2019-nCoV », dont les symptômes sont proches de ceux du Sras, a été détecté pour la première fois le mois dernier dans la ville de Wuhan.

 Selon les derniers chiffres communiqués, le virus a été diagnostiqué chez 440 personnes en Chine.
Selon les derniers chiffres communiqués, le virus a été diagnostiqué chez 440 personnes en Chine. REUTERS/Stringer

    Il a déjà fait 17 morts et été contracté par près de 600 personnes, en majorité en Chine mais aussi au Japon, en Corée du Sud, aux Etats-Unis ou encore en Arabie saoudite. Le coronavirus apparu le mois dernier, encore mal connu, a poussé Pékin et d'autres pays à prendre des mesures pour enrayer sa propagation, et notamment depuis ce jeudi la mise en quarantaine de la ville de Wuhan, d'où le virus est parti, et celle, voisine, de Huanggang.

    Alors que la crainte d'une mutation du virus a été clairement exprimée par les autorités chinoises, l'Organisation mondiale de la Santé est en réflexion depuis ce mercredi pour savoir si elle décrète ou non la sixième « urgence de santé publique de portée internationale » de son histoire.

    Que sait-on sur ce virus ?

    Le « 2019-nCoV », nom donné par les chercheurs à ce virus, appartient à la famille des coronavirus. S'ils sont souvent bénins pour l'Homme, certains d'entre eux peuvent se révéler dangereux. Apparu en Chine, le Sras, virus avec lequel le 2019-nCoV partage de nombreux points communs sur le plan génétique, avait fait près de 800 morts en 2003.

    Entraînant tous deux des maladies respiratoires, ils pourraient aussi avoir selon les chercheurs une période d'incubation comparable. Dans le cas du SRAS, elle est d'une durée maximale de deux semaines. Les symptômes du 2019-nCoV semblent en revanche moins inquiétants.

    D'autres incertitudes demeurent, notamment sur le degré de contagiosité du 2019-nCoV. La contamination d'humain à humain est cependant « avérée », comme l'a déclaré en début de semaine Zhiong Nanshan, un scientifique de la Commission nationale chinoise de la Santé. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle se fait par « contact étroit ».

    Comment a-t-il été transmis à l'Homme ?

    Les premiers cas ont été détectés en Chine il y a un peu plus d'un mois chez des personnes travaillant sur un marché de Wuhan, une ville située au cœur de la Chine et comptant pas moins de 11 millions d'habitants. C'est sur ce marché, fermé par les autorités le 1er janvier et où se côtoyaient animaux morts et vivants, que le virus serait passé d'un animal à l'homme.

    Coronavirus : un mystérieux virus né sur un marché inquiète la Chine

    Quel animal en était porteur ? La réponse n'est pas encore connue. Des analyses sont en cours pour connaître l'identité de ce fameux hôte. Le scénario rappelle toutefois celui de l'apparition du Sras. Avant d'être transmis à l'homme, le virus avait muté en passant de la chauve-souris à la civette.

    Ce petit mammifère, très apprécié en Chine, est interdit à la vente depuis l'épidémie de Sras. Pourtant, selon des images de CNN, des civettes étaient bien vendues sur le marché de Wuhan. Mercredi, le directeur du Centre national de contrôle et de prévention des maladies a confirmé que des ventes illégales d'animaux sauvages avaient lieu sur ce marché, sans préciser s'il s'agissait de civettes ou d'autres animaux.

    Où a-t-il été détecté ?

    Détecté dans la moitié des provinces chinoises et dans les deux villes les plus peuplées de Chine, Shanghai et Pékin, le virus s'est d'abord propagé aux pays voisins - Japon, Corée du Sud, Taïwan, Thaïlande - avant de traverser l'océan Pacifique. Mardi, les Etats-Unis ont annoncé un premier cas sur leur sol, un homme d'une trentaine d'années originaire de Wuhan et habitant près de Seattle, au nord-ouest du pays. Mercredi, au moins un passager d'un vol Shanghai - Saint-Pétersbourg a été hospitalisé en Russie.

    Pour le moment, aucun cas n'a été détecté en France. Un Français qui présentait des symptômes respiratoires quelques jours après avoir séjourné à Wuhan n'a en fait pas contracté le virus. « Tous les examens virologiques sont négatifs », a annoncé mardi le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. « Le risque d'introduction est faible mais ne peut pas être exclu », a estimé mardi la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Ce jeudi, la ministre a par ailleurs précisé qu'il n'y avait « pas de cas douteux en France ».

    Quelles mesures ont été prises pour empêcher sa propagation ?

    Limiter la propagation du virus est impératif alors que des centaines de millions de Chinois se préparent à voyager dans le pays pour fêter le Nouvel An en famille. Pékin a décidé mardi de classer le nouveau coronavirus dans la même catégorie que le Sras, une décision qui prévoit notamment l'isolement obligatoire des personnes contaminées.

    Des mesures de prévention ont aussi été mises en place, comme la ventilation et la désinfection dans les aéroports, les gares et les centres commerciaux.

    Plus impressionnant, ce jeudi, la Chine a annoncé mettre en quarantaine la ville de Wuhan. Dans les faits, « sans une raison spéciale, les habitants de la ville ne doivent pas quitter Wuhan », tandis que les liaisons aériennes et ferroviaires au départ de la ville sont « temporairement » suspendues, a ajouté le centre de commandement mis en place contre le virus. Dans la foulée, les autorités ont aussi annoncé des mesures similaires pour la ville voisine de Huanggang.

    Dans le même temps, Pékin a décidé d'annuler toutes les festivités prévues dans la ville pour le passage à la nouvelle année, prévu le 25 janvier. La célèbre Cité interdite, le monument historique le plus connu de Chine, a annoncé fermer ses portes jusqu'à nouvel ordre.

    Une opération de désinfection dans un quartier de Shanghai

    Plusieurs pays ayant des liaisons aériennes directes ou indirectes avec Wuhan, comme la Thaïlande, Dubaï, la Russie et les Etats-Unis, ont renforcé les contrôles des passagers à l'arrivée. À Los Angeles, New York ou San Francisco, des agents prennent la température des voyageurs pour s'assurer qu'ils ne sont pas malades.

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    En France, des messages de précautions sont diffusés dans les vols directs en direction et en provenance de Wuhan mais la détection de la température des voyageurs provenant de Chine n'est pas à l'ordre de jour, cette mesure étant jugée « complexe à mettre en place » et « pas très efficace », selon Jérôme Salomon.