Tour de France : Barguil, à pas de géant

Il a remporté la 18e étape ce jeudi, pourtant Romain Barguil est revenu de loin pour briller lors de ce tour de France.

L'Izoard, l'un des cols mythiques des Alpes, a consacré Warren Barguil, vainqueur jeudi de la 18e étape du Tour de France.
L'Izoard, l'un des cols mythiques des Alpes, a consacré Warren Barguil, vainqueur jeudi de la 18e étape du Tour de France. AFP/Jeff Pachoud

    Son sourire dans les dernières rampes, pourtant ahurissantes, de l'Izoard accentuait un peu plus encore son air enfantin de garnement qui vient de jouer un sacré tour. Quelques minutes plus tard sur le podium, Warren Barguil avait le visage mi-apaisé mi-stupéfait de celui qui vient de basculer dans un autre monde. Déjà vainqueur de l'étape de Foix le 14 juillet, le Breton est devenu le premier coureur du Tour de France à s'imposer au sommet du col de l'Izoard. Un passage mythique où se sont écrites les légendes de Coppi, Bobet, Merckx ou Thévenet.

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    A 25 ans, Barguil a tout pour marcher sur les traces de ces grands anciens. Dimanche, sur les Champs-Elysées, il montera sur le podium avec le maillot à pois. Un bout d'étoffe qui vaut sésame pour une popularité éternelle sur le bord des routes de France, où Richard Virenque, sept fois lauréat de ce classement, conserve une aura intacte. Barguil a tout pour devenir à son tour une idole nationale. Sa bouille et sa gouaille rafraîchissent les portions les plus brûlantes du Tour quand son panache et ses attaques transcendent la foule qui se presse dans les cols.

    Fauché par une voiture en espagne en 2016

    Un combo de héros dont le coureur de la Sunweb avait du mal à prendre la mesure. « Je ne suis plus vraiment sur terre, je suis au-dessus des nuages, sur une autre planète, se marre le héros du jour. Ce matin, je ne pensais pas à gagner l'étape mais seulement à prendre des points pour le maillot. Mais, quand je suis passé devant Atapuma (NDLR : le Colombien alors en tête), je n'ai plus eu que la victoire en tête. En franchissant la ligne, j'ai pensé à mes deux papys qui sont décédés. Ils adoraient le vélo. Etre sur le podium avec ce maillot, c'est un rêve de gosse. Après beaucoup de malchance, cela tourne enfin. Il n'y en a pas beaucoup qui savent ce que j'ai enduré... »

    Barguil aurait en effet pu ne plus jamais remonter sur un vélo. En janvier 2016, une voiture l'avait fauché en compagnie de cinq de ses coéquipiers lors d'un stage en Espagne. Il s'en était sorti avec une fracture du poignet et un paquet de plaies à l'âme. L'accident l'a hanté pendant des mois mais l'a aussi renforcé. Quand il se blesse de nouveau à la hanche fin avril lors du Tour de Romandie, pas grand monde ne pariait sur son possible retour sur le Tour de France. Mais le Français s'est arraché de son lit d'hôpital pour repartir à l'entraînement seulement accompagné d'un kiné.

    Cette force mentale, le coureur d'Inzinzac-Lochrist (Morbihan) aime l'attribuer à ses racines bretonnes. On misera plutôt sur un caractère de champion qui lui permet désormais d'intégrer le gotha du cyclisme mondial.

    De quoi rêver à une future victoire dans le Tour de France ? « Si je reviens l'année prochaine avec les mêmes jambes, je pense que le général est possible, poursuit Warren Barguil, 9e à 8'22'' de Froome. Mais il y a une grosse marge pour gagner. Il ne faut pas griller les étapes. » Lui préfère déjà les gagner.