PSG  : le patron du Parc passe la main

Arnaud Lescuyer, patron de la Sese, société gestionnaire du Parc des Princes, part à la retraite samedi 31 décembre. En poste depuis quinze ans, cet ingénieur de formation connaît le stade comme sa poche.

En poste depuis quinze ans, Arnaud Lescuyer a croisé bon nombres de joueurs  « au talent exceptionnel et loin de la caricature qui en est parfois faite ».
En poste depuis quinze ans, Arnaud Lescuyer a croisé bon nombres de joueurs « au talent exceptionnel et loin de la caricature qui en est parfois faite ». LP/Arnaud Journois

    Cette fois-ci, il a définitivement remisé ses clés au clou. Quelques minutes après le coup de sifflet final de PSG-Lorient (5-0), le 21 décembre, Arnaud Lescuyer de Chaptal est apparu sur la pelouse du Parc des Princes. L'oeil ému, il a longtemps contemplé un stade dont il a été le patron pendant 15 ans. Il quittera samedi 31 décembre ses fonctions à la tête de la Sese, la société gestionnaire du stade, propriété comme le club de QSI. Depuis 2001, il aura coordonné 430 événements dans l'enceinte de la porte d'Auteuil. Un lieu où il n'avait jamais mis les pieds avant d'y être nommé après 25 ans d'expérience d'ingénieur BTP chez Vinci. «Je ne connaissais rien au foot, le seules fois où j'étais allé voir un match, c'était pour faire plaisir à des clients, s'amuse le patron du Parc. Je ne m'attendais pas à grand chose et cela a été extraordinaire ».

    Dans la semaine, il est à la tête d'une vingtaine de salariés, chargé de faire tourner la cathédrale de béton, sortie de terre en 1972. Les jours de matchs, il coordonne le travail de près de 1500 personnes avec flegme et efficacité. «Mais je ne suis qu'un maillon de la chaîne, une cheville ouvrière, plaide-t-il avec une modestie confondante. Lorsque 48 000 spectateurs s'installent dans les gradins, c'est comme une petite ville qui se crée. Et moi je suis en charge de ce que vous ne voyez pas. » Cela va des canalisations des toilettes qu'il se fait un devoir de proposer « propres et sentant bons » au bien être des hôtesses ou des membres de la sécurité.

    Discret, avec sa casquette du club vissée sur la tête - « pour contrebalancer l'effet de la calvitie » - et son éternelle moustache, Arnaud Lescuyer a un sourire pour chacun et une parole apaisante même dans les moments de grandes tensions. «Un jour, une heure avant un match, un tableau électrique a lâché et il n'y avait plus de sono, se rappelle-il. Il fallu tout réparer sans couper le courant car le but est toujours d'assurer la tenue du match. Mais jamais rien n'a empêché une rencontre de débuter ».

    «C'est un ouvrage d'art exceptionnel, d'une audace incroyable»

    Cet été à la veille du premier match de la saison contre Metz, c'est un gigantesque dégâts des eaux qui a ravagé quatre étages et inondé les vestiaires. 24 heures plus tard, les joueurs et les spectateurs ne s'en sont même pas rendus compte. « Les dommages étaient importants mais j'avais une équipe de magiciens...», souffle malicieusement celui qui connaît le Parc comme sa poche. «Il m'a fallu presque un an pour en comprendre la géométrie et le fonctionnement mais encore ces derniers temps, j'ai découvert des lieux que je ne connaissais pas ». Du toit aux vides sanitaires situés entre le périphérique et la pelouse, il est néanmoins capable de circuler les yeux fermés. Il préfère cependant les garder bien ouverts, passionné par la structure dessinée par Roger Taillibert, l'architecte dont il admire toujours autant le travail. «C'est un ouvrage d'art exceptionnel, d'une audace incroyable», s'enthousiasme-t-il.

    Depuis cinq ans en collaboration avec Jean-Claude Blanc, il a toutefois oeuvré à la modernisation d'un Parc des Princes où il a multiplié les rencontres. Il se souvient ainsi de « joueurs au talent exceptionnel et loin de la caricature qui en est parfois faite » ou d'artistes dont il ne goûtent pas toujours la musique comme Johnny Hallyday, Mika ou Joey Starr, « un homme fort urbain ». Mais c'est surtout aux spectateurs qu'il pense au moment de quitter définitivement le Parc des Princes. « J'aimais les voir repartir avec des étoiles dans les yeux».