PSG : Rabiot ne veut pas s’engager à trop long terme

Lié avec le PSG jusqu’en juin 2019, le milieu de terrain refuse toujours de prolonger. La durée du contrat proposé par le PSG est le nœud du problème.

 Adrien Rabiot ne souhaite pas s’engager pour cinq ans avec le PSG.
Adrien Rabiot ne souhaite pas s’engager pour cinq ans avec le PSG. LP/Philippe Lavieille

    Quinze jours pour convaincre. Voici le titre du feuilleton de la fin d'été du PSG. Un thriller à l'issue hautement improbable, en vue du caractère du personnage principal, Adrien Rabiot. Le PSG fait le forcing pour convaincre son milieu de terrain de 23 ans de prolonger son contrat qui expire dans un an. Seulement, le principal intéressé est aujourd'hui très réticent à s'engager sur le long terme. Selon nos informations, c'est la durée du contrat proposé par le PSG qui crée un blocage.

    Thomas Tuchel a choisi la méthode forte, dimanche, après des mois de séduction beaucoup plus subtile de la part d'Antero Henrique et du club. Prolonger son contrat ou partir, voilà les deux options laissées au joueur, arrivé au centre de formation à l'âge de 15 ans. « Adrien doit montrer qu'il veut jouer au PSG », a lâché le manager, incapable d'affirmer que le joueur serait toujours là le 1er septembre et précisant que « bien sûr » la preuve d'amour attendue passait par une prolongation de contrat.

    Pour lui, les documents officiels ont un sens

    Ce que n'a pas dévoilé Tuchel dans l'ultimatum qu'il a calmement formulé, c'est que le club demande des gages d'amour à Rabiot qui dépassent le simple stade de la saison qui s'annonce. Le PSG tient absolument à le faire signer cinq ans, jusqu'en 2023, comme l'a fait Presnel Kimpembe cette semaine.

    Les contrats longue durée sont l'un des axes de la politique du club avec les jeunes. Mais, pour Rabiot, les documents officiels ont un sens, comme il l'a démontré avec son bail actuel. Le milieu de terrain l'a paraphé en 2014 et n'a jamais renégocié depuis. Son salaire de 280 000 € brut mensuel, qui paraissait énorme à sa sortie du centre de formation, se révèle aujourd'hui en décalage total avec son statut et avec les émoluments du vestiaire parisien.

    Une forme de lassitude

    Le litige entre les deux parties n'est pas financier, comme l'a affirmé un proche du joueur à RMC lundi : « Le PSG a fait les efforts nécessaires de ce côté-là ». Antero Henrique pensait avoir fait le plus dur, mais Adrien Rabiot est très attaché à sa liberté comme il l'a toujours prouvé.

    Il est déterminé à conserver la maîtrise de sa carrière et a hésité pendant de longs mois sur la suite à y donner. Ses doutes ne semblent pas liés à son histoire contrariée avec les Bleus. Le titre est passé par là et le joueur est revenu en pleine forme lors de la tournée d'été et des deux premiers matchs officiels. Il a simplement refusé de s'exprimer devant les médias, avec le sourire, arguant que les questions ne porteraient pas sur le sportif.

    C'est plutôt une forme de lassitude face aux échecs répétés du PSG en Ligue des champions qui a très longtemps fait planer de fortes hésitations.

    Al-Khelaïfi suit de très près ce dossier

    L'envie de travailler avec Thomas Tuchel, qui lui a démontré son estime en le nommant capitaine pendant la tournée asiatique, semble suffisante pour le convaincre de poursuivre une saison de plus. Au-delà ? Le joueur n'en saurait rien aujourd'hui, ce qui l'incite à ne pas vouloir se retrouver pieds et poings liés.

    La pratique, qui peut sembler de bon sens, est en contradiction avec les habitudes du monde professionnel, où les joueurs en fin de contrat perdent leur valeur marchande. Voir partir libre dans un an un joueur valorisé à plus de 50 millions d'euros serait un terrible camouflet pour Paris, une catastrophe dans le cadre du fair-play financier. Nasser Al-Khelaïfi le sait et suit de très près ce dossier symbolique.

    Le PSG pourrait-il faire un pas en proposant à Adrien Rabiot un contrat de moyenne durée ? C'est très peu probable, car le club n'entend pas faire de cas particulier et ne veut surtout pas être confronté à un nouveau bras de fer l'été prochain.

    Alors que Barcelone rôde toujours, le dossier risque de s'étirer jusqu'aux dernières heures du mercato, le 31 août. Certaines sources évoquent des sanctions sportives contre le joueur s'il refuse de se plier aux exigences du PSG et du foot business. Ce n'est pas envisagé aujourd'hui. Car, vu la détermination du joueur et – parfois – son entêtement, les dirigeants savent que cette méthode ne porterait pas ses fruits.

    ADRIEN RABIOT, ITINÉRAIRE D'UN JOUEUR DÉCIDÉ

    Adrien Rabiot a signé son premier contrat professionnel avec le PSG en 2012. LP/Arnaud Journois
    Adrien Rabiot a signé son premier contrat professionnel avec le PSG en 2012. LP/Arnaud Journois LP/Philippe Lavieille

    De ses débuts au PSG à son choix de refuser le rôle de réserviste chez les Bleus, le milieu de terrain, né à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), a toujours mené sa carrière comme lui seul l'entendait.

    Juillet 2012 : premier contrat professionnel. Rabiot, pas encore 17 ans, participe à son premier entraînement chez les pros, sous les ordres de Carlo Ancelotti, en mars 2012. Le 2 juillet, il signe son premier contrat pro jusqu'en juin 2015. Le milieu portera pour la première fois le maillot parisien le 26 août 2012 contre Bordeaux (0-0).

    Novembre 2014 : bras de fer et mise à l'écart. Dès août 2013, après six mois de prêt à Toulouse, le PSG lui propose une prolongation. Sans réussite. Et, à l'ouverture du mercato estival 2014, aucun accord n'est en vue. Le bras de fer débute. Le 31 août, Rabiot est proche de l'AS Rome. Il est mis à l'écart du groupe professionnel pendant deux mois et signe finalement un nouveau bail en novembre. Jusqu'en juin 2019, à environ 280 000 euros mensuels.

    Mai 2015 : privé de finale pour un retard. Arrivé en retard à une convocation avant la finale de la Coupe de France, le bus file sans l'attendre. Furieux, le joueur demande à sa mère, sa conseillère principale, conductrice ce jour-là, de rentrer directement chez lui. Un incident qui entraînera son exclusion pour la finale et une forte amende.

    Mai 2018 : il tourne le dos aux Bleus. Non retenu dans la liste des 23 mondialistes, il refuse de faire partie des 11 réservistes. Une décision qualifiée d'« énorme erreur » par Didier Deschamps. « J'assume et j'assumerai toutes les conséquences de mon choix », écrira le joueur dans un communiqué.

    Août 2018 : la prolongation attend toujours. Au printemps 2017, des discussions pour une prolongation sont évoquées. Mais Rabiot n'entend pas se réengager trop tôt. En novembre, le milieu joue toujours la montre, souhaitant notamment des garanties sur son poste (sentinelle ? milieu relayeur ?). Aujourd'hui, les deux parties sont d'accord financièrement mais la durée fait coincer le dossier. Mais les sirènes européennes se font moins entendre qu'en 2014.