Grand Steeple-Chase de Paris : David Cottin aux portes de la consécration

Avec trois partants dans l’épreuve qui s’élance ce dimanche après-midi (16h30) à Auteuil, l’ancien jockey pourrait devenir le plus jeune entraîneur à décrocher ce légendaire Groupe I.

David Cottin à l'entraînement à Lamorlaye (Oise). (Scoopdyga)
David Cottin à l'entraînement à Lamorlaye (Oise). (Scoopdyga)

    Il est des géants dont les pieds ne sont ni d’argile ni fragiles. David Cottin est de ceux-là. Même ses propos et sa voix rocailleuse, qui pourraient s’apparenter à de l’hésitation, transmettent des messages clairs et précis. Du haut de son mètre quatre-vingt, l’intéressé, qui pourrait devenir à 31 ans le plus jeune entraîneur lauréat du mythique Grand Steeple-Chase de Paris (Groupe I), ce dimanche après-midi (16h30) sur l’hippodrome d’Auteuil, possède un itinéraire singulier. « Mes parents ne souhaitaient pas me voir intégrer une école de jockeys à mon adolescence, car j’aurais été loin d’eux et ils tenaient à ce que je poursuive mes études », précise-t-il. Dès lors, celui-ci commence sa carrière en obstacle dans les courses réservées aux amateurs mais sort rapidement du lot. « Vu son talent, c’était une évidence pour moi de faire appel à lui », lançait l’entraîneur Guillaume Macaire, lorsque David Cottin est passé dans le rang des professionnels en 2008.

    « Les efforts pour conserver un poids de compétition devenaient trop difficiles »

    Après neuf ans au sommet de la discipline et trois Cravaches d’or, ce dernier raccroche et devient entraîneur en 2017. « Je savais que cela arriverait un jour mais je n’y pensais pas lorsque j’étais jockey, car c’est un domaine dans lequel il faut vivre au jour le jour, confie celui qui sera triplement représenté dans le sommet du jour. Vu ma taille, les efforts pour conserver un poids de compétition devenaient trop difficiles. C’était le bon moment pour me reconvertir, d’autant que j’ai toujours épaulé mon père (Philippe) lorsqu’il était entraîneur. De plus, ma carrière de jockey m’a permis de tisser des liens avec de nombreux propriétaires qui m’ont tout de suite accordé leur confiance quand je me suis installé. »



    Comme lors de son passage d’amateur à professionnel, David Cottin n’a eu aucun mal à troquer la toque pour la casquette d’entraîneur, cumulant d’ailleurs les succès au plus haut niveau. Il revient sur cette transition : « Je savais que le plus difficile et le plus important serait de constituer une équipe compétente, on ne peut pas réussir si on n’est pas bien entouré. Cela a mis un peu de temps mais c’est désormais chose faite. »

    À l’image d’un Michel Platini au football, passé de joueur d’exception à sélectionneur en équipe de France sans grand succès, les génies ont parfois du mal à transmettre leur savoir en passant de l’autre côté de la barrière. Cela n’a pas été le cas pour David Cottin, comme l’a confié l’un de ses anciens rivaux en piste, à savoir Jonathan Plouganou : « J’étais déçu qu’il arrête, car c’était un redoutable rival, mais surtout un ami de vestiaire. Comme j’ai rapidement monté pour lui, on ne s’est jamais vraiment quitté mais je peux vous dire qu’il est aussi exigeant qu’avant. J’ai beau être son pote, il ne laisse rien passer et est très précis dans ses consignes. »

    « J’ai horreur de subir les courses »

    Ce côté méticuleux est la marque de fabrique du natif d’Angers. Comme de coutume, il assume cette facette de son personnage, et ses principaux jockeys, dont Kévin Nabet qui sera associé à Le Berry, l’ont intégrée : « Ils savent ce que j’attends d’eux et de quelle façon je souhaite que mes chevaux soient montés. Comme lorsque j’étais jockey, j’ai horreur de subir les courses. Il y a tellement d’aléas en obstacle qu’il faut faire en sorte de les réduire au maximum. »

    Même s’il s’appliquait les mêmes principes quand il était en selle, David Cottin n’est jamais parvenu à remporter le Grand Steeple-Chase de Paris, dont il était le « Poulidor », puisqu’il a terminé quatre fois à la deuxième place. Dans son nouveau rôle, « bien plus stressant » selon ses termes, il aura trois cordes à son arc et pourrait marquer l’histoire ce dimanche aux alentours de 16h35, après 6 000 m d’une intensité hors du commun.