Rugby : en Île-de-France, le derby Stade Français-Racing 92 peut en cacher beaucoup d’autres

Dimanche soir, le Stade Français reçoit le Racing 92 au stade Jean-Bouin pour un match décisif en Top 14. Mais les clubs amateurs de la région ont aussi l’habitude de se défier régulièrement, trois d’entre eux se jouent ce week-end.

Les Parisiens du PUC accueilleront à la Cipale leurs voisins de Drancy, samedi soir en Fédérale 1. Icon Sport/LP/Anthony Dibon
Les Parisiens du PUC accueilleront à la Cipale leurs voisins de Drancy, samedi soir en Fédérale 1. Icon Sport/LP/Anthony Dibon

    Qui a dit que l’Île-de-France n’était pas une terre de rugby ? Ce dimanche à 21h05, les deux clubs phare de la région, le Stade Français et le Racing 92, s’affrontent dans un choc de haut de tableau du Top 14 qui sent le soufre, à Paris au stade Jean-Bouin. L’épilogue chez les pros d’un autre week-end de rugby sur les pelouses franciliennes, celui des clubs amateurs.

    En Fédérale 1, 2 ou 3, les derbies reviennent souvent. Avec des rivalités plus ou moins exacerbées, qui n’échappent pas aux clichés un peu éculés : petit Poucet contre grosse écurie, cité populaire contre ville aisée, club riche contre club formateur… De Paris à la Seine-Saint-Denis, des Hauts-de-Seine à l’Essonne, chez les amateurs aussi les oppositions territoriales ne manquent pas de saveur.

    Le duel à la Cipale promet de « pas mal envoyer »

    PUC-Drancy (Fédérale 1, samedi à 19h30). « Si vous voulez voir des équipes s’amuser avant, pendant et après le match, venez à la Cipale ! », lance Jérôme Bousquet, le président du PUC. Vingt-quatre heures avant le coup d’envoi de Stade Français-Racing à Jean-Bouin, Paris accueille en effet un autre derby, en Fédérale 1, le plus haut niveau amateur. Dans le cadre historique et champêtre de la Cipale, dans le bois de Vincennes, le Paris Université Club reçoit le RC Drancy. « Ces derbies ne sont pas désagréables, ça donne des matchs plutôt sympas », sourit Jérôme Bousquet.

    Le PUC comme Drancy sont rompus aux oppositions régionales, puisqu’ils sont dans une poule avec trois autres Franciliens (Saint-Denis, Sarcelles et Gennevilliers). « La plus grosse rivalité, elle est départementale, avec Saint-Denis », explique Hugo Aznar, le capitaine de Drancy. Les deux clubs de Seine-Saint-Denis sont à la lutte au classement et ne sont distants que de 7 km.

    Mais le match des Drancéens au PUC, avec un enjeu sportif moindre, vaudra aussi le détour. « Ça va jouer, ça va pas mal envoyer, assure Sylvain Trassebot, ancien joueur et un des managers de Drancy, quarante ans au club. Ce sera la guerre sur le terrain, mais après, c’est tous des potes. Dans les clubs de la région, ils se connaissent tous, ils sont souvent profs, ou passés par le centre de formation du Racing ou du Stade Français ».

    Dans une moindre mesure, PUC-Drancy, c’est donc aussi un mini Stade Français-Racing. « La Violette » est partenaire du club parisien, et a reçu les conseils en début de saison d’Antoine Burban, troisième ligne historique du Stade Français formé au PUC. En face, le capitaine Hugo Aznar est un produit du centre de formation du Racing, qui a eu quelques années un accord avec le club drancéen. Un vrai avant-goût du derby de dimanche !

    Un derby essonnien, « loin des querelles de clochers »

    Ris-Orangis - Orsay (Fédérale 2, dimanche à 15 heures). « C’est un derby essonnien, c’est particulier, résume Éric Husson, le président de Ris-Orangis. On est le club un peu plus populaire, un peu excentré, et Orsay celui d’un bassin économique plus aisé, plus proche de Massy auprès de qui ils récupèrent des joueurs. Nous, nous sommes réputés pour la formation. Et pour la première fois depuis longtemps, nous sommes mieux classés qu’eux. Oui, ce sera un peu chaud en tribune, et aussi chez les joueurs qui se mettent beaucoup de pression pour ce match ».

    Le décor de ce derby essonnien est planté. Mais Éric Husson l’assure : « On est loin des querelles de clochers du Sud-Ouest ! D’ailleurs, je m’entends très bien avec Paul Tremsal, le président d’Orsay. » L’intéressé confirme, fair-play : « Ce sera plutôt un derby de la convivialité. Je rends hommage à la très belle saison de Ris-Orangis, ils sont meilleurs que nous pour l’instant, il faut le reconnaître. Mais je leur donne rendez-vous dimanche pour prouver que les Orcéens ont du répondant ! »

    Le stade Latruberce de Ris-Orangis attend de 800 à 1 000 personnes pour ce derby, selon le président du club. « Si les fans de rugby ne veulent pas s’ennuyer dimanche, c’est à Ris qu’il faut venir, et nulle part ailleurs ! », lance Éric Husson.

    À Boulogne-Billancourt, un choc pour « bien terminer contre le voisin »

    ACBB - Antony Métro 92 (Fédérale 2, dimanche à 15 heures). Contrairement à ses voisins, le grand club omnisports de Boulogne-Billancourt termine sa saison difficilement en Fédérale 2. Tout comme un autre grand nom du rugby francilien, Domont, qui a déclaré forfait cette saison et n’honorera pas dimanche un autre potentiel derby, contre Versailles, dans cette même poule de Fédérale 2. Mais l’ACBB, déjà relégué en Fédérale 3, vendra chèrement sa peau contre le voisin Antony Métro 92.

    « On a l’habitude de jouer contre plusieurs clubs de la région, les joueurs se connaissent bien entre eux, explique Jean-Baptiste Alnot, le président de l’ACBB rugby. C’est toujours particulier ces derbies, on a toujours envie de gagner ou au moins de bien se comporter contre nos voisins. Même si ces dernières années, le derby de l’ACBB c’était plutôt contre Courbevoie (l’autre équipe des Hauts-de-Seine est 2e de cette poule de Fédérale 2). On va essayer de montrer le meilleur visage possible contre Antony qui est une équipe à notre portée. »

    « La rivalité dans les derbies dépend plus ou moins de l’historique des dernières confrontations, résume Xavier Carvallo, dirigeant de l’équipe première d’Antony Métro 92. Là pour ce match contre l’ACBB, au classement on est assez serein (le club, 10e, n’a plus rien à craindre ni à espérer). Mais on a envie de bien terminer contre le voisin. » Un peu comme entre le Stade Français et le Racing 92, la suprématie locale est en jeu.

    Le club pro des Hauts-de-Seine est d’ailleurs l’ancien associé d’Antony, quand le Racing se nommait aussi Métro. Aujourd’hui, un partenariat unit encore les Ciel et Blanc à Antony. Des espoirs du Racing peuvent ainsi venir s’aguerrir dans les matchs de Fédérale 2. « Mais dans l’équipe, il y a des pro-Racing et des pro-Stade Français, explique Xavier Carvallo. C’est comme les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas, il y a les Roses et les Bleus ». Ce week-end sur les terrains de rugby, chacun pourra s’amuser à choisir son camp.