Argenteuil : «On travaille pour faire connaître la sainte tunique à l’étranger»

La basilique Saint-Denys organise ce dimanche une journée de vénération de la tunique du Christ. Un événement qui participe à l’attrait touristique d’Argenteuil, selon le père Cariot, gardien de la relique.

 Argenteuil, mercredi. Sous l’autel où est entreposée la sainte tunique, il existe un passage où les fidèles peuvent se recueillir.
Argenteuil, mercredi. Sous l’autel où est entreposée la sainte tunique, il existe un passage où les fidèles peuvent se recueillir. LP/Antoine Guitteny

    Près de 2000 fidèles sont attendus ce dimanche à Argenteuil, pour une journée de vénération de la sainte tunique du Christ. Depuis six ans, la basilique Saint-Denys organise cette journée de vénération pour le cinquième dimanche de Carême. Pour le père Guy-Emmanuel Cariot, recteur de la basilique, cette journée reflète bien la Passion du Christ dans toute sa dimension. Rencontre avec le gardien d'une relique sacrée.

    En 2016, l'ostension avait réuni 200 000 personnes. L'engouement est-il toujours aussi fort ?

    Père Cariot : L'ostension était un moment particulier, c'était la première fois depuis 1984 qu'on déployait la tunique. Pendant dix-sept jours, les rues d'Argenteuil avaient été inondées de pèlerins du monde entier. On attend beaucoup moins de monde ce dimanche. Elle consiste à faire circuler la tunique dans son reliquaire, on l'approche des fidèles qui peuvent se recueillir mais on ne la déploie pas comme pour l'ostension.

    Selon l'église, la relique aurait été portée par le Christ avant sa crucifixion. Or, la science et une datation au carbone 14 (en 2004) la date au Ve ou VIe siècle…

    Mais la science ne se réduit pas au carbone 14! La tunique a été polluée par l'eau, enterrée pendant la Révolution française… Je ne remets pas la science en doute, mais il y a des choses qui peuvent fausser un résultat. Est-ce complètement fiable? Je ne sais pas. On a aussi retrouvé sur la tunique des pollens du pistachier qui ne fleurit que dans la région de Jérusalem. Je crois qu'on ne pourra jamais prouver qu'elle est où n'est pas celle du Christ.

    Argenteuil, mercredi.LP/A.G.
    Argenteuil, mercredi.LP/A.G. LP/Antoine Guitteny

    S'il y a doute, il y a espoir et s'il y a espoir il y a la foi ?

    (Rires) Je ne mets pas ma foi dans un objet, et on ne pousse pas les gens à le faire mais c'est un soutien. C'est quand même un vêtement qui nous parle de la Passion du Christ, l'habit qu'il portait pendant le chemin de croix, qui nous raconte les derniers moments de sa vie. Nous, Chrétiens, on se dit que cette tunique est gorgée du sang du Christ. L'essentiel pour nous c'est de voir cette tunique et de se dire, voilà, Il nous a tout donnés, c'est l'habit de la Passion.

    Un habit qui rayonne en France ?

    Oui et non. La sainte tunique est connue mais, pour l'instant, on rayonne surtout en Ile-de-France et dans les départements limitrophes. On a des visiteurs de toute la France qui profitent de leur pèlerinage à Paris pour venir à Argenteuil, mais on n'est pas encore vraiment inscrit dans les pèlerinages touristiques chrétiens.

    Et à l'étranger ?

    Au niveau international, on souffre encore de méconnaissance. Ça fait partie de nos axes de travail. On fait le tour des agences touristiques, ce genre de chose. Mais je remarque que quand des étrangers arrivent en ville, ils viennent tous voir la sainte tunique. Récemment, des investisseurs chinois sont venus voir le maire, et ils ont fait le détour par la basilique. Et les Russes viennent aussi beaucoup. Ils ont une fascination pour les reliques. Pour l'ostension, il y avait des liaisons aériennes exprès chaque jour. Si on devait emporter la tunique en Russie, on réunirait des millions de personnes, c'est certain.

    Faire voyager la sainte tunique à l'étranger, est-ce une piste pour mieux la faire connaître ?

    À titre personnel je n'y suis pas favorable. J'aurais trop peur qu'il lui arrive quelque chose ! Mais cette décision ne dépend pas de moi évidemment. Et puis j'aime bien me dire que pour voir la sainte tunique, il faut venir à Argenteuil. Les deux sont tellement liés… Je suis d'ailleurs très heureux qu'elle soit ici et pas dans un beau quartier. Argenteuil est une ville complexe, avec des problématiques bien particulières et malgré tout, je trouve qu'il y a en ville une sorte de fluidité, quelque chose de beau… Quelque part, c'est un peu un miracle permanent et j'aime à penser que la sainte tunique y est pour quelque chose.

    LE PROGRAMME DE LA JOURNEE

    10 heures. Ouverture de la basilique, chapelet médité et confessions.

    11 heures. Messe présidée par Mgr Lalanne, évêque de Pontoise et animée par la chorale Gaudette.

    12h30. Vénération de la sainte tunique.

    14 heures. Chemin de croix en plein air autour de la basilique.

    15h15. Conférence sur la vie de Daphrose et Cyprien Rugamba, un couple de Rwandais, très croyant qui a été dans les premières victimes du génocide.

    16 heures. Reprise de la vénération et célébration des Vêpres.

    17 heures. Office chantée par la communauté orthodoxe roumaine de Paris.

    18 heures. Liturgie de déposition de la Sainte Tunique dans sa châsse.

    Détails sur www.saintetunique.com ou au 01.39.61.25.70.