Cormeilles-en-Parisis : autrefois conçu pour protéger Paris, le fort se modernise pour accueillir du public

Le vaste chantier de rénovation de cet ouvrage militaire est le premier projet important depuis qu’il a été cédé par l’Armée au conseil régional. Il a été subventionné par la Fondation du patrimoine en lien avec la Mission Stéphane Bern.

Cormeilles-en-Parisis. Luc Durnerin, administrateur de l'association Les Amis du fort, suit de près l'évolution des travaux du fort militaire qui ont démarré en mars et doivent se terminer en décembre. LP/Thibault Chaffotte
Cormeilles-en-Parisis. Luc Durnerin, administrateur de l'association Les Amis du fort, suit de près l'évolution des travaux du fort militaire qui ont démarré en mars et doivent se terminer en décembre. LP/Thibault Chaffotte

    C’est une petite cure de jouvence pour le fort de Cormeilles-en-Parisis. L’imposant édifice niché au cœur de la butte du Parisis est en train de connaître ses premiers travaux importants depuis plus de 25 ans. Démarré en mars 2024, le chantier doit se terminer en décembre. Pour un montant de 900 000 euros, il s’agit de rénover la caponnière de gorge, l’ouvrage qui protège le fossé et l’entrée du fort, ainsi qu’une partie du poste de garde.

    « Ils ont refait toutes les meurtrières, les joints des pierres et changé les pierres les plus usées », explique Luc Durnerin, administrateur des Amis du fort de Cormeilles. C’est cette association qui espère tirer de l’oubli ce site depuis que l’Armée l’a quitté en 1997, en le cédant au conseil régional. Avec ses maigres moyens, elle essaye de conserver l’ouvrage en l’état. Elle y a créé un musée en 2005 et organise des visites le premier dimanche de chaque mois.

    Un fort qui assurait la protection de Paris

    Sa construction remonte au lendemain de la guerre franco-allemande de 1870. Le gouvernement veut alors renforcer les défenses de la capitale qui a été assiégée durant le conflit. « Il y avait déjà des forts qui protégeaient Paris, mais avec l’évolution de l’armement – la portée des canons augmente – ils étaient devenus trop proches de la ville », explique Luc Durnerin. Une nouvelle ceinture de 18 forts est créée à une vingtaine de kilomètres autour de la capitale.

    La rénovation de la caponnière de gorge doit se terminer en fin d'année ou début 2025. LP/Thibault Chaffotte
    La rénovation de la caponnière de gorge doit se terminer en fin d'année ou début 2025. LP/Thibault Chaffotte

    La rénovation de la caponnière de gorge, qui se présente comme une excroissance du fort, avancée au milieu du fossé, sépare le mur d’enceinte et le fort. Elle offrait des angles de tir, notamment sur l’épaisse porte blindée qui succède à celle de l’enceinte. « Cette porte, c’est la dernière défense du fort. Elle était protégée par un pont roulant qui permettait de passer au-dessus d’un fossé », explique Luc Durnerin.

    C’est donc cet édifice, jadis conçu pour repousser l’ennemi, que l’association voudrait transformer en lieu d’accueil des visiteurs. La couverture va être refaite, des sanitaires vont être installés. Les trouées installées au-dessus des canons pour évacuer la fumée qu’ils dégageaient vont être couvertes par des verrières. Les ouvertures qui avaient été bouchées au temps où le fort servait de prison (entre 1945 et 1956) vont être dégagées.

    « Valoriser le fort »

    Une ouverture va être pratiquée dans la muraille de plus d’un mètre de large pour donner accès à une terrasse. Et surtout une salle de 120 m2 va être aménagée pour recevoir les visiteurs, proposer des expositions où organiser des réceptions.

    Cormeilles-en-Parisis. Luc Durnerin est administrateur de l'association Les Amis du fort. LP/T.C.
    Cormeilles-en-Parisis. Luc Durnerin est administrateur de l'association Les Amis du fort. LP/T.C. LP/Thibault Chaffotte

    L’association a observé avec intérêt la mise en place de la Mission Stéphane Bern pour la préservation du patrimoine. Elle s’est décidée fin 2019 à constituer un dossier pour rénover la caponnière de gorge et y aménager cet espace d’accueil « pour valoriser le fort », résume Luc Durnerin. En juin 2020, le site obtient un soutien financier de 500 000 euros grâce au Loto du Patrimoine. Mais la crise sanitaire du Covid est venue retarder le projet.

    « En 2023, on a dû refaire notre dossier en raison de l’explosion du coût des travaux. Ça avait pris 30 % », indique Luc Durnerin. Avec les subventions du conseil régional, du conseil départemental et de l’agglomération Val Parisis, le budget des travaux atteint 950 000 euros. « On a été obligé de les réduire », ajoute-t-il. Malgré cela, l’association est toujours à la recherche de fonds pour compléter le budget. Elle a lancé une collecte avec la Fondation du patrimoine pour réunir 60 000 euros (toujours en cours). Elle a déjà obtenu plus de 10 000 euros.

    Premier fort des 18 construits autours de Paris après la guerre de 1870, celui de Cormeilles a été doté de sculptures sur le bâtiment officiers.
    Premier fort des 18 construits autours de Paris après la guerre de 1870, celui de Cormeilles a été doté de sculptures sur le bâtiment officiers. LP/Thibault Chaffotte

    Le fort de Cormeilles présente aussi des curiosités. « Le bâtiment officier est sculpté. C’était pour montrer au gouvernement comment étaient utilisés les deniers du pays », poursuit le passionné. La construction du fort, achevée en 1877, n’a jamais eu à défendre la capitale mais il a rempli diverses missions au cours de sa carrière. Sa dernière utilisation par l’armée, consistait à former les appelés du contingent. À leur départ, un groupe de réservistes a créé l’association Les Amis du fort pour veiller à entretenir la mémoire des lieux.

    Pour les journées du patrimoine, Les Amis du fort de Cormeilles organisent des visites dimanche 22 septembre de 9 heures à 17 heures. Ils proposent aussi une plongée immersive dans un décor de village français en 1944 avec des reconstitueurs. Du pain cuit dans le four du fort sera proposé à la vente. Fort de Cormeilles, 1 route Stratégique. https://fortdecormeilles.org/ - [email protected]