Prison avec sursis pour les policiers d’Argenteuil accusés d’avoir violenté un jeune homme lors d’un contrôle

Les deux agents de la brigade anticriminalité (BAC) d’Argenteuil (Val-d’Oise) avaient notamment fait usage de leur taser à 27 reprises. Ces derniers avaient vu rouge après avoir découvert une photo privée de l’un d’entre eux dans le téléphone de la victime.

Cormeilles-en-Parisis, janvier 2021. Les trois policiers contrôlaient un petit groupe de jeunes dans ces immeubles de la rue du Clos-Garnier avant de s'en prendre à l'un d'eux. LP/Frédéric Naizot
Cormeilles-en-Parisis, janvier 2021. Les trois policiers contrôlaient un petit groupe de jeunes dans ces immeubles de la rue du Clos-Garnier avant de s'en prendre à l'un d'eux. LP/Frédéric Naizot

    Prison avec sursis pour deux policiers du commissariat d’Argenteuil. Les juges du tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d’Oise) viennent de condamner ces deux fonctionnaires de la brigade anticriminalité (BAC) à six et huit de mois de prison pour avoir violenté un jeune homme de 19 ans le 29 janvier 2021 à Cormeilles-en-Parisis. Le policier le plus lourdement condamné a également écopé d’une peine d’interdiction d’exercice sur la voie publique pendant un an. Un troisième agent, également poursuivi pour violences, a été relaxé au bénéfice du doute.

    27 coups de taser

    Ce soir de janvier, la patrouille intervient dans le cadre d’une opération classique de tranquillité publique. Les policiers contrôlent un groupe dans un hall d’immeuble. Ils s’attardent sur Ivan*, un jeune au casier judiciaire vierge. Ils s’emparent de son téléphone et se mettent à fouiller sa galerie. Le geste n’est pas sans arrière-pensée : depuis plusieurs jours, la photo, privée, d’un policier en bas résille circule sur les smartphones et les réseaux sociaux. Et, manque de chance pour lui, Ivan possède cette photo dans son téléphone. Dès lors, l’attitude des policiers change.

    Le contrôle dure une quarantaine de minutes. « Il y a eu deux coups de poing, des coups de pied au niveau du genou et des coups de taser… une quinzaine », avait décrit lors du procès le jeune homme, aujourd’hui âgé de 22 ans. En réalité, la carte mémoire du pistolet à impulsion électrique révélera 27 utilisations (dont une de 5 secondes), répartis en deux séries… Il avait assuré ne pas s’être débattu, tétanisé par la peur. Les examens médicaux constateront de multiples hématomes et contusions au niveau du visage et de la jambe gauche, ainsi que des retentissements psychologiques.

    Les policiers ne feront pas appel

    Lors de l’audience du 21 juin dernier, les trois policiers avaient nié ou minimisé fortement les coups. L’un d’entre eux avait justifié l’utilisation « dissuasive » du taser par le climat tendu dans lequel ils intervenaient. Les avocats avaient dénoncé le « manque de précision » de la victime et relevé que ses blessures n’avaient entraîné aucune incapacité totale de travail.

    Au cours de cette même comparution, un troisième policier, poursuivi pour ne pas être intervenu, avait pourtant confirmé à demi-mot les violences. Traité de « balance » par certains des collègues, il a depuis été mis en détachement de la police à sa demande et a déménagé dans une autre région. « Cette décision va dans le sens de l’époque actuelle, dénonce Jacky Attias, l’avocat d’un des deux policiers condamnés. On veut une police désarmée, qui ne fasse pas son travail et qui intervienne le moins possible. Je note au passage l’absence de soutien hiérarchique pour mon client. Nous ne ferons pas appel. »