Val-d’Oise : l’entreprise Vygon, rouage essentiel dans la «guerre» contre le coronavirus

La société d’Ecouen produit du matériel médical à usage unique. Dont des accessoires indispensables pour la prise en charge de patients en réanimation, infectés par le Covid-19.

 Vygon produit des accessoires indispensables pour la prise en charge de patients en réanimation.
Vygon produit des accessoires indispensables pour la prise en charge de patients en réanimation. DR

    Dans cette « guerre » contre le Covid-19, comme l'a nommée Emmanuel Macron lundi, il y a les soldats au front, avec ces personnels soignants qui se démènent dans les hôpitaux. Et puis il y a les autres, à l'arrière. Ces petites mains de l'ombre, invisibles mais pourtant essentielles à la bonne prise en charge des patients. Vygon, avec ses 250 salariés, à Écouen, est de ceux-là. La société familiale, fondée en 1962, produit du matériel médical à usage unique.

    Parmi sa multitude d'outils, l'entreprise réalise des filtres respiratoires, masques faciaux, aspirateurs de mucosités, ustensiles d'incubation… Des accessoires indispensables aux médecins et infirmières pour intervenir sur les patients atteints du coronavirus en réanimation. « Nous ne réalisons pas de respirateur en tant que tel, mais tout ce qui l'accompagne, précise Stéphane Regnault, président de Vygon. Nous sommes les seuls. »

    Une société sollicitée «comme jamais»

    En pleine crise sanitaire, le dirigeant qui a repris le flambeau il y a vingt ans après le départ de son beau-père, se retrouve sollicité « comme jamais ».

    Les 600 salariés en France - dont la majorité à Écouen - s'échinent à satisfaire les commandes gargantuesques venant de toute l'Europe. « Il y a une quinzaine de jours, nous avons eu d'énormes demandes de l'Italie, l'Angleterre et l'Irlande, confie Stéphane Regnault. Impossible de dire un chiffre, mais ça correspondait à six mois de travail, sur une semaine. »

    Stéphane Regnault, président de Vygon.DR
    Stéphane Regnault, président de Vygon.DR DR

    Les hôpitaux français, principaux clients, ont pour la première fois transmis leurs besoins ce mercredi. « Je commençais à m'inquiéter, admet le président. J'avais l'impression que nous ne prenions pas assez au sérieux le danger qui nous guette. »

    Comme si, depuis son bureau en contrebas du musée de la Renaissance qu'il a dû délaissé, Stéphane Regnault pouvait prendre le pouls de la crise dans le pays, et son avancement.

    Des lignes de productions à la sécurité maximale

    Face à la pression, immense, et la recrudescence de son activité, l'entreprise bataille, tant bien que mal, en situation de sous-effectifs. Des employés, craintifs, laissent leurs postes vacants. Malgré des conditions de travail jugées « optimales », par le patron, avec les « salles blanches ».

    « Avant d'entrer sur les lignes de production, il faut passer par un sas, se laver les mains, mettre des vêtements désinfectés. C'est l'endroit le plus sûr du monde, où l'on est certain ne pas être infecté par le coronavirus », plaide Stéphane Regnault.

    Et pourtant. Selon les dires du président de Vygon, les ressources humaines tentent de rassurer les salariés et répondre à leurs inquiétudes au téléphone « 24 heures/24 ». Sans succès.

    Rassurer les équipes

    « Nous essayons d'embaucher des intérimaires, mais c'est extrêmement compliqué aussi, souffle le dirigeant. Je veux le dire à tous. Les gens nécessaires au bon fonctionnement de la nation, ceux qui doivent travailler pour que nos médecins puissent soigner : venez nous aider. »

    Qu'il parvienne à convaincre ses employés ou pas, Stéphane Regnault ne sera pas, avec Vygon, parmi les « gagnants » de la crise. Ou à la marge. La nette augmentation de commandes pour du matériel respiratoire ne devrait pas être synonyme d'accroissement du bénéfice. « Puisque nous n'avons plus du tout de demandes sur nos autres produits, souligne le président. Ce que nous gagnerons d'un côté, comblera notre manque à gagner de l'autre. »

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