Condamné à 20 ans de prison, le meurtrier du McDo de Garges rejugé

Antoine E. doit, de nouveau, répondre du meurtre de Samir Kerkar, tué en 2015 après une embrouille au McDo de Garges. Il avait été condamné à vingt ans de réclusion e première instance.

 Dalila Kerkar, la maman de Samir, tué le 30 août 2015 d’un coup de couteau au Mc Donald’s de Garges.
Dalila Kerkar, la maman de Samir, tué le 30 août 2015 d’un coup de couteau au Mc Donald’s de Garges. LP/P.C.

    Il avait été condamné à 20 ans réclusion criminelle il y a un an pour le meurtre de Samir Kerkar, survenu après une altercation sur le drive du McDo de Garges. Antoine E., qui avait fait appel, est à nouveau jugé pour ce drame survenu dans la nuit du 19 au 20 août 2015. Le procès de ce jeune Chaldéen de 28 ans, originaire des Marronniers à Gonesse, a débuté ce mercredi matin devant la cour d'assises d'appel, à Versailles, où la défense va contester l'intention homicide d'Antoine.

    « Un seul coup de couteau a été porté », relève Me Joseph Cohen-Sabban pour qui les faits devraient être qualifiés de coup mortel. L'avocat estime la peine de vingt ans de réclusion hors de proportion par rapport à des affaires similaires.

    Il reconnaît les faits

    Tout est parti d'une embrouille à 4 heures du matin dans la file d'attente au drive du McDo de Garges. Suivront des insultes, une brève course-poursuite, un coup de couteau mortel dans la région du cœur qui provoquera une hémorragie massive. Quelques heures plus tard, Samir, 28 ans, s'éteignait pour la plus grande douleur d'une famille qui ne s'en remet pas.

    Lors de l'ouverture de son procès en première instance, à Pontoise, en septembre 2018, Antoine E. avait reconnu les faits, après trois années de silence et de mensonge au cours de l'instruction. Il avait ensuite justifié son geste lors de l'audience par « l'énervement et l'adrénaline », expliquant « être dépassé par les événements », repartant à la poursuite de Samir parce qu'il « a continué à m'insulter ».

    « Jamais, je n'ai voulu le tuer »

    Ce mercredi matin, il a confirmé à l'ouverture de son procès qu'il reconnaissait les faits, expliquant aussi « s'être mal exprimé » il y a un an. Il a lu devant la cour une lettre rédigée ces derniers jours dans sa cellule de Bois-d'Arcy. « Il faut que je prenne mes responsabilités. Cela n'a pas été facile pour moi de le faire. J'en ai conscience, je n'ai pas été à la hauteur. J'ai manqué de courage pendant l'instruction, confie l'accusé. Si j'avais perdu quelqu'un de ma famille, j'aurais voulu que la personne dise tout, qu'elle assume. Moi, je n'arrivais pas à parler, c'était plus fort que moi. Parler, cela voulait dire assumer, et assumer, je n'y arrivais pas. » Il assure ne pas avoir voulu la mort de Samir : « Jamais, je n'ai voulu le tuer ».

    « Pendant le premier procès, je ne me suis pas très bien exprimé. J'ai ajouté de la haine et de la peine aux proches de la victime, mais en aucun cas ce n'était volontaire. Je n'ai pas été à la hauteur de ce qu'ils attendent. »

    « Nous n'avons pas entendu vraiment d'excuses »

    Une lettre qui n'a pas trouvé l'écho escompté auprès de la famille de Samir Kerkar. « Nous n'avons pas entendu vraiment d'excuses. Il n'a pas regretté ce qu'il a fait. Il essaye de se protéger. Or, c'est nous qui souffrons. Et c'est très dur », confie à la suspension d'audience Lakdhar Kerkar, le père de Samir, souvent en larmes au cours de l'audience. Il explique trouver refuge dans son travail.

    « On ne comprend pas pourquoi il a fait appel, c'est une plaie béante », ajoute Dalila, son épouse, inconsolable de la perte de Samir. « Pourquoi avait-il un couteau? Il avait envie de tuer », estime-t-elle. « Il veut juste s'en sortir et il tue une deuxième fois notre frère en nous imposant ce nouveau procès », ajoute Sabrina, une des sœurs de Samir. « Il nous éprouve une deuxième fois, sans scrupule », prolonge Lyndia, une autre sœur.

    Une adolescence marquée par des histoires de bandes

    La cour d'assises a évoqué ce mercredi après-midi la personnalité du jeune Chaldéen dont les parents sont arrivés en France en 1985 après avoir fui les persécutions des chrétiens en Turquie. Adolescent, il s'est « englué dans ces histoires de quartiers, de bandes », selon la présidente. « C'était avec la Fauconnière », précise Antoine E., relatant une époque où les affrontements entre les « Marros » et la « Fauco » se multipliaient, ce qui lui valut plusieurs condamnations.

    Antoine E. fut aussi mêlé à deux affaires ayant marqué Gonesse. D'abord le coup de feu qui rendit paraplégique le jeune Judicael, 20 ans, de la Fauconnière, lors d'un affrontement entre les deux quartiers en octobre 2006. Antoine avait été poursuivi pour jets de pierre à proximité de la passerelle où le coup de feu avait atteint la victime. Il était également, en 2013 sur la place des Marronniers, avec Mohamed, quand une bande de la Fauco a débarqué, tuant de 14 coups de couteau son copain des Marronniers.

    « Judicael reste paraplégique. Cela ne vous a pas marqué ? », lui demande l'avocat général qui ajoute : « Vous avez vu votre ami mourir aux Marronniers. En 2013, vous saviez qu'un coup de couteau peut tuer ! » Antoine acquiesce. Le verdict est attendu ce vendredi.