Municipales à Sarcelles : quatre maires en un seul mandat

À quelques mois des municipales 2020, Le Parisien se penche sur cinq villes clés du Val-d’Oise. Cette semaine, on revient sur un imprévu du mandat écoulé. À Sarcelles, la folle succession des édiles, loin d’être prévue lors des élections de 2014.

 Sarcelles. Depuis 2014, quatre maires se sont succédé à l’hôtel de ville de cette commune de 60 000 habitants.
Sarcelles. Depuis 2014, quatre maires se sont succédé à l’hôtel de ville de cette commune de 60 000 habitants. LP/A.C

    « C'est beaucoup trop, on s'y perd ! ». À Sarcelles, la vie municipale de ce dernier mandat aura été particulièrement agitée. Depuis 2014, ce ne sont pas moins de quatre maires, tous issus de la majorité socialiste et apparenté, qui se sont ainsi succédé à la tête de la ville. Une situation inédite dans cette commune de 60 000 habitants mais aussi dans le département.

    Tout commence en 2017. François Pupponi, maire (alors PS) de la commune depuis vingt ans réélu en 2014 dès le premier tour avec 63 % des voix, remporte l'élection législative sur la huitième circonscription du Val-d'Oise. Mais la loi sur le non-cumul des mandats l'oblige alors à choisir, à contrecœur : le palais Bourbon ou l'hôtel de ville. Ce sera la députation affirmant vouloir « défendre les intérêts de la banlieue au-delà de Sarcelles ».

    Deux maires en moins de deux ans

    Pour sa succession, le parlementaire propose Nicolas Maccioni, son premier adjoint aux finances depuis 2014. L'homme de 33 ans est élu avec 35 voix face à Mourad Chikaoui, conseiller municipal de la majorité depuis 2002. Le jeune maire lance « mon modèle, c'est François Pupponi ».

    Mais, six mois plus tard, ce dernier démissionne sans crier gare, invoquant « des raisons personnelles et familiales ». Une annonce qui fait l'effet d'un tsunami. L'opposition dénonce alors une « mainmise », une « tutelle » de François Pupponi sur son ancien adjoint.

    Après quinze jours d'ébullition et de tractations, le nom d' Annie Peronnet, adjointe PCF chargée notamment des copropriétés, sort finalement du chapeau. Celle-ci est élue le 26 mars avec 28 voix, 17 abstentions, alors que la majorité compte 36 sièges.

    Patrick Haddad s'engage «à terminer au mieux le mandat»

    Mais le 20 novembre patatras. Après un peu plus sept mois seulement passés à la tête de la ville, l'édile rend à son tour son écharpe tricolore « pour raisons de santé ». Le nom de Patrick Haddad, adjoint à l'Education, circule rapidement et celui-ci accepte. Unique candidat du groupe de la majorité socialiste et apparenté, il est élu par le conseil municipal à 34 voix contre 9 face à David Grandon (LREM). Patrick Haddad s'engage alors à terminer « au mieux le mandat ».

    «Là, c'est n'importe quoi»

    « Il faut de la stabilité dans une ville. On a eu le même maire pendant plus de vingt ans, ce qui est peut-être trop, mais là c'est n'importe quoi », affirme un habitant de Sarcelles depuis plus de cinquante ans. Un avis partagé par de nombreux habitants. « Comment voulez-vous qu'ils puissent lancer et suivre de nouveaux projets pour la ville ? Aucun n'est resté assez longtemps pour ça », abonde un quadragénaire.

    « Un maire ou quatre, c'est la même politique puisque c'est la même majorité : le village se meurt et les différentes communautés sont de plus en plus fermées sur elles-mêmes. C'est ça qu'il faut changer surtout », tacle un ancien commerçant de la commune. « Le vrai maire en fait, c'est toujours François Pupponi. Il est partout », souffle une maman.

    « Je ne sais même pas qui est le maire »

    « C'est la démission de monsieur Maccioni qui a engendré cette situation regrettable. Et c'est bien dommage qu'il soit parti car il était très capable », estime une Sarcelloise qui suit de près la politique municipale.

    Mais tous les administrés ne sont pas aussi au fait des tribulations de la vie municipale. « Quatre édiles en six ans ? Première nouvelle. Je ne connais que François Pupponi et Patrick Haddad », assure une femme. « Je ne sais même pas qui est le maire, revendique un retraité. Je ne vote pas car je ne crois plus en la politique ».

    Les candidats répondent

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