Val-d’Oise : quand les enfants disent stop aux clichés dans les jouets

Du rose pour les filles et du bleu pour les garçons… Une classe des Tremblays, à Jouy-le-Moutier, a réfléchi aux stéréotypes juste avant Noël.

 Jouy-le-Moutier. La classe de CM1-CM2 du groupe scolaire les Tremblays planche pour déconstruire les clichés dans les jouets.
Jouy-le-Moutier. La classe de CM1-CM2 du groupe scolaire les Tremblays planche pour déconstruire les clichés dans les jouets. LP/Marie Persidat

    « Je voudrais que vous découpiez d'un côté les jouets de filles, de l'autre côté les jouets de garçons! » Une fois n'est pas coutume, les catalogues de Noël remplacent parfois les livres scolaires des CM1-CM2 cette semaine, à l'école des Tremblays de Jouy-le-Moutier. Mais si l'institutrice distribue ces magazines colorés, ce n'est pas pour faire briller les yeux des enfants à l'approche des fêtes, mais pour leur apprendre à lire entre les lignes. La classe est parmi l'une des premières à participer à la campagne « Stop aux clichés dans les jouets! » lancée par le Jeu pour tous.

    L'association a distribué près d'une centaine de kits pédagogiques en cette fin d'année dans le Val-d'Oise (vendus 25 €, tarif correspondant aux prix des deux livres complétant toutes les fiches proposées gratuitement). Les enfants, dès le CP et jusqu'à la 6e, sont ainsi incités à réfléchir aux stéréotypes filles-garçons, particulièrement flagrants en cette période de fêtes.

    Des idées reçues persistantes

    « Sur cette page où l'on vend des Pyjamasques (NDLR : des personnages de superhéros tirés d'un dessin animé), il n'y a que des garçons en photos, analyse Dounia, en commençant à feuilleter le catalogue. Pourtant, ma petite-cousine elle les aime bien aussi… »

    Dès le début de la séance, les idées reçues s'invitent à la table des écoliers : certains garçons réclament une grande feuille bleue pour lister les jouets de garçons. « Et pourquoi pas rose ? », les défie l'enseignante Blandine Romain. Spontanément, les enfants se regroupent pour dresser les listes. Et là encore, filles et garçon font bande à part, sauf rare exception. « On a choisi au hasard », assure Adrien. « Apparemment ce n'est pas un hasard », souligne l'institutrice.

    Une fois terminés les collages, les clichés sautent aux yeux. « Quand il s'agit de filles, il y a beaucoup de rose », constate Inès. « Des choses qui brillent, du maquillage, des jeux de secrets », complètent ses camarades. Les garçons, eux, restent bien sûr cantonnés aux voitures et pistolets. Même les coffrets créatifs ou d'activités manuelles sont touchés. « Les filles sont toujours orientées vers la cosmétique, les parfums, les bonbons, constate Cécile Marouzé de l'association le Jeu pour tous qui a réalisé le kit pédagogique. Aux garçons en revanche on privilégie l'aspect scientifique. »

    Un déploiement plus large l'an prochain

    En classe, les petits ne sont pas dupes. Mais oublier tous les stéréotypes dans la vie courante se révèle toujours difficile. « Un garçon qui joue à la poupée cela continue de choquer, souligne Blandine Romain. C'est intéressant de déconstruire tout cela. » L'école des Tremblays est déjà largement engagée dans un travail de réflexion sur la tolérance. « Des garçons qui jouent à la corde à sauter dans la cour de récréation, on commence à en voir davantage, surtout depuis qu'on en a parlé ensemble. »

    L'association le Jeu pour tous sait bien qu'il s'agit d'un travail de longue haleine. « Mais simplement le fait de parler de tout ça, dire que l'on peut être un garçon et ne pas aimer le foot, ou être une fille et ne pas aimer les licornes roses, cela apaise », constate Cécile Marouzé. Avant les vacances, les CM1-CM2 des Tremblays vont rédiger une lettre aux fabricants de jouets, comme le propose le kit du Jeu pour tous.

    L'an prochain, après ce premier test, l'association compte déployer plus largement le dispositif. La multiplication des lettres aux grandes marques pourrait ainsi à terme changer les pratiques.