Val-d’Oise : un aigle de Bonelli retrouvé mort à Arthies

Ce rapace, le plus rare de France, niche principalement sur le pourtour méditerranéen. L’électrocution sur des pylônes est sa principale cause de décès.

 Arthies. Le jeune aigle de Bonelli a été retrouvé mort par les agents de l’Office français de la biodiversité.
Arthies. Le jeune aigle de Bonelli a été retrouvé mort par les agents de l’Office français de la biodiversité. OFB

    Il est mort loin de chez lui. Un jeune aigle de Bonelli a été retrouvé mort la semaine dernière à Arthies. Sa présence au pied d'un pylône électrique et l'absence de blessure apparente laissent supposer qu'il a été électrocuté. Il s'agit de la principale cause de décès de cette espèce, qui vit sur le pourtour méditerranéen. Une autopsie va être pratiquée pour le confirmer.

    Ce sont les agents du Conservatoire des espaces naturels (CEN) de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur qui ont remarqué que la balise, dont était porteur l'animal, était toujours au même endroit depuis plusieurs jours. Deux agents de l'Office français de la biodiversité (OFB), se sont rendus sur place et ont récupéré l'animal mort.

    Retrouvé grâce à une balise

    « C'est un jeune de 2019 qui est parti de son site de naissance en août », indique Cécile Ponchon, responsable du programme de suivi des aigles de Bonelli au CEN. Il est né dans le massif de la Sainte-Beaume. Peu avant son départ, il avait été équipé d'une balise dans le cadre du programme du Centre de recherches sur la biologie des populations d'oiseaux (CRBPO). « Depuis 2017, on a équipé 42 jeunes de balise. C'est le dixième qui meurt d'électrocution », précise Cécile Ponchon.

    L'électrocution se produit quand les oiseaux touchent deux fils différents sur un poteau. Il s'agit d'un problème qui touche essentiellement les oiseaux de grande envergure, c'est-à-dire les rapaces. Un aigle royal est mort mercredi, probablement de cette manière, dans les Hautes-Alpes. Une charte a permis de sécuriser les lignes à moyenne tension dans certaines parties du sud de la France, mais ce travail en difficilement envisageable pour tout le territoire national. Car l'aigle de Bonelli, bien que méridional peut s'en aller parfois très loin de son lieu de naissance.

    « C'est assez classique chez les grands oiseaux mais c'est aussi le cas chez des mammifères. Chez le loup, les jeunes se font chasser de la meute et vont explorer des territoires où ils ne vont pas se reproduire », explique Eric Hanssen, directeur de l'OFB Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Corse. Le programme de suivi a permis d'en savoir davantage sur ces voyages. « Ils vont partir en erratisme souvent en Camargue ou dans la Crau, qui sont des zones naturelles riches en gibier mais ils peuvent aussi aller beaucoup plus loin », précise Cécile Ponchon. Certains seraient allés jusqu'au Danemark avant de revenir pour la reproduction vers leur zone de naissance.

    38 couples recensés en 2019

    Si plus de moitié des aigles de Bonelli retrouvés morts ont été électrocutés, ce rapace doit faire face à d'autres fléaux. Seuls 38 couples ont été relevés en 2019, ce qui en fait le rapace le plus rare de France. « Une de ses proies principales, le lapin de garenne a quasiment disparu », souligne Eric Hanssen. Avec l'introduction de la myxomatose par l'homme dans les années 1950, la population de ces rongeurs a drastiquement diminué.

    L'aigle de Bonelli doit aussi faire face au braconnage. Le programme de suivi de l'espèce a mis en évidence plusieurs cas d'individus abattus. « On a eu deux cas cette année qui se sont fait tirer dans les Landes et le Gers », indique Cécile Ponchon. « Avant la loi de 1976, les rapaces étaient chassés car considérés comme nuisibles », rappelle Eric Hansen. Amateur de perdrix et de faisans, l'animal était vu comme un concurrent par les chasseurs. Sa présence, même extrêmement réduite, semble encore déranger.