Val-d’Oise : les cinémas indépendants peinent à sortir de la crise sanitaire

A l’image de l’Eden à Montmorency, qui organise actuellement son traditionnel festival « les indés », les salles obscures du département ont du mal à retrouver leur public.

Michel Enten, directeur du cinéma l'Eden, à Montmorency. LP/Laurent Mauron
Michel Enten, directeur du cinéma l'Eden, à Montmorency. LP/Laurent Mauron

    C’est peut-être par ces rencontres que viendra leur salut. Le cinéma l’Eden, à Montmorency, organise actuellement son désormais traditionnel festival « les indés ». Une huitième édition ponctuée de présentations en avant-première et de soirées d’échanges, comme ce jeudi 14 octobre avec Anaïs Volpé, qui viendra présenter « Entre les vagues », présent à la quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, le lundi 18 avec Thomas Kruithof, réalisateur des « promesses », avec Isabelle Huppert et Reda Kateb, ou encore la venue pour la clôture d’Hugo Sobelman, le mardi 19, avec son documentaire « soul kids ».

    Une belle programmation qui pourrait permettre à l’établissement de s’offrir une petite éclaircie dans une période difficile. « Dans l’ensemble, les gens répondent présent quand il y a un événement, explique le directeur, Michel Enten. On a un beau programme, mais on cherche un peu le public depuis quelque temps, comme pas mal de cinémas. »

    « Nous ne sommes plus du tout dans le monde d’avant »

    Pour le responsable, « James Bond est l’arbre qui cache la forêt désertée ». « Nous sommes passés d’un monde où la sortie cinéma, suivie d’un bar ou un restaurant, c’était beaucoup de convivialité facile et pas très cher, à autre chose avec les masques, le passe sanitaire, explique-t-il. Nous ne sommes plus du tout dans le monde d’avant. » Selon les séances, l’Eden enregistre en effet une baisse de la fréquentation de 30 à 50 % par rapport à 2019, dernière année avant la crise sanitaire. « D’une manière générale, il y a une diminution assez globale, regrette Michel Enten. Il y a beaucoup de films qui ne trouvent plus du tout le public espéré. Nous avons perdu des clients en route, notamment sur le secteur art et essai. Il y a moins de monde. Les contraintes liées à la crise sanitaire sont pesantes. On accuse le coup. »



    Un avis partagé par Ludovic Ledru, directeur de l’historique Beaumont Palace, à Beaumont-sur-Oise. « Pour les salles art et essai, c’est compliqué de faire revenir les gens, grince le président de l’association Écrans VO, qui réunit de nombreuses structures du département. Le passe sanitaire pour les plus de 12 ans nous a fait du mal. Depuis, c’est une catastrophe. Des habitudes avaient déjà été prises depuis le début de la crise sanitaire, avec les plates-formes de streaming, mais là ça s’est accentué. »

    « Il est encore trop tôt pour se prononcer »

    Certains professionnels veulent tout de même rester optimistes. « Les gros cinémas tournent mieux que nous, forcément, mais ça va finir par revenir, espère Marc Dingreville, directeur des cinémas l’Ermitage, à Domont, et le studio Ciné, à Taverny. En plus, on a une fin d’année bien dotée en films, avec tout ce qui n’est pas sorti pendant la pandémie. Après est-ce qu’on fera les chiffres de 2019 ? Sûrement pas. » L’administrateur du syndicat français des théâtres cinématographiques veut voir parmi les signes encourageants le retour des spectateurs enregistré jusqu’au mois d’août, avant la mise en place du passe sanitaire. « Il faut un peu de temps, souffle-t-il. Tout se remet en route en même temps que nous. Les gens ne font pas qu’aller au cinéma. »

    Pour Franck Gramont, aux manettes du Conti, à L’Isle-Adam, « il est encore trop tôt pour se prononcer ». « Rouvrir au mois de mai n’était pas forcément une bonne idée, car les gens ne vont pas au cinéma à cette période, glisse le responsable. Quand on croise les gens, ils nous disent qu’ils ont hâte de retourner au cinéma. Ils reviennent petit à petit. C’est un peu comme la météo actuelle, on oscille entre nuages et ciel bleu. Il faudra voir en avril. »