Créteil : après l’incendie à Mondor, « comment recommencer avec rien ? »

Cette famille a tout perdu dans l’incendie qui a ravagé un immeuble d’habitations à l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP). Cinq jours après le drame, elle témoigne.

 Créteil, ce lundi. Cette famille a absolument tout perdu dans l’incendie d’un immeuble d’habitations à Mondor à Créteil.
Créteil, ce lundi. Cette famille a absolument tout perdu dans l’incendie d’un immeuble d’habitations à Mondor à Créteil. LP/Agnès Vives

    Ils étaient tout heureux d'arriver à Créteil. Un nouveau job pour Stéphane*, qui rejoignait les services techniques de l'hôpital Henri-Mondor (AP-HP) à Créteil. Une nouvelle vie pour toute la famille, qui s'était installée dans un appartement au 6 e étage du bâtiment L, dans l'enceinte de l'hôpital. Dix jours seulement, avant le violent incendie qui fera un mort et quinze blessés. « On avait refait la cuisine et on venait d'acheter la chambre des enfants », murmure Marie*, la mère. Le bonheur. Et puis, ce mercredi 21 août, l'horreur.

    C'est le fils âgé de 7 ans qui va sauver la famille. Il se réveille : « Trop de bruit, maman ». « J'étais dans le salon, je regardais la télévision, raconte sa mère. C'est quand mon fils m'a appelée que j'ai vu la fumée, et puis le feu par la fenêtre. Il y avait déjà beaucoup de fumée dans l'appartement. Je me suis dit il faut partir. On était en pyjamas. On n'a pu rien prendre, ni le sac à main, ni les affaires, ni les doudous. » Juste un vieux linge auquel s'accrochait la petite, âgée de 4 ans. « On n'a même pas pu sauver notre petite chatte, si j'avais eu quelques secondes de plus… » s'étrangle Marie, les yeux emplis de larmes.

    Des images toujours présentes

    Cinq jours après l'incendie mortel, les images sont « toujours là ». Elles tournent en boucle. Stéphane revenait de Paris ce soir-là. Un numéro qu'il ne connaît pas l'appelle. C'est sa femme. Elle s'est réfugiée avec les enfants dans l'hôpital. « J'ai passé la nuit à regarder l'incendie, je ne pouvais pas bouger. Je voyais les pompiers qui se battaient, fatigués. Certains étaient pris de malaise. Quel courage. Respect. »

    Le lendemain, la famille réalise. Elle a tout perdu. Plus rien ne subsiste dans l'appartement. Calcinés les souvenirs de mariage, les cadeaux, disparus les jouets des enfants, les tenues de fête, envolés les photos, les papiers d'identité… « Le feu ça vous enlève tout. On n'a plus de vie », résume le couple. Seule l'armature du lit témoigne encore de leur passage dans l'appartement réduit à néant.

    Il ne reste plus rien dans cet appartement au 6e étage brûlé dans l’incendie à Mondor à Créteil. DR
    Il ne reste plus rien dans cet appartement au 6e étage brûlé dans l’incendie à Mondor à Créteil. DR LP/Agnès Vives

    Depuis ce vendredi, la famille est hébergée provisoirement dans un logement de fonction équipé du nécessaire dans une école de Créteil.

    Dans un recoin de la salle à manger, trône un lit dans lequel toute la famille se blottit. « Les enfants sursautent au moindre bruit », justifie Marie. Des proches leur ont donné vêtements et jouets pour les enfants. Ils attendent aussi l'aval des assurances pour racheter progressivement. « Mais on n'a pas des paies de patron », glisse l'agent technique.

    Alors « comment recommencer avec rien ? » La question taraude ce lundi les trentenaires, habitués à se débrouiller « sans rien demander à personne. » « On veut rester à Créteil mais on ne sait pas où on va aller ? C'est dur tous ces points d'interrogation. C'est un traumatisme à vie », soupire Stéphane. Seul le fils sait qu'il ne veut « plus être dans un appartement pour pas que ça recommence ».

    * Les prénoms ont été changés à la demande des intéressés