Incendie de Mondor : le dernier coup de fil paniqué de Vanessa à son compagnon

Son compagnon, Paul, retrace la soirée du drame dans l’immeuble de Créteil et souhaite rendre hommage à l’aide-soignante.

 Créteil. Vanessa, 39 ans, est l’unique victime décédée dans l’incendie de l’hôpital Henri-Mondor, survenu dans la nuit de mercredi à jeudi.
Créteil. Vanessa, 39 ans, est l’unique victime décédée dans l’incendie de l’hôpital Henri-Mondor, survenu dans la nuit de mercredi à jeudi. DR

    Les mains massives de Paul, cernées de chevalières, tombent sur la table d'un café de Créteil. Les yeux rougis, le quarantenaire retrace cette soirée cauchemardesque. Ce mercredi soir où sa compagne, Vanessa, a perdu la vie dans l'incendie de l'hôpital Henri-Mondor. La seule victime décédée dans ce feu accidentel, qui a blessé quinze personnes, dont quatre pompiers.

    « En ce moment, je suis un peu perdu, confie Paul, 44 ans, qui travaille à l'hôpital Albert-Chenevier. J'ai l'impression que ma tête va exploser. » Le soir de l'incendie, il se trouve en congés en Charente-Maritime. « A 19 h 47, je reçois un appel de Vanessa, précise-t-il. Elle me dit que les plombs ont sauté dans l'appartement. » Paul la conseille à l'autre bout du fil. Une heure passe. « L'électricien l'informe que le disjoncteur est mort », poursuit Paul.

    Mais quelques minutes plus tard, Vanessa rappelle son compagnon. Le ton est bien plus inquiétant. « Il y a le feu, il y a de la fumée dans la chambre ! » panique-t-elle. « Je lui ai dit de balancer un seau d'eau, puis de sortir, mais elle semblait cernée », raconte Paul, qui s'empresse d'appeler les pompiers depuis la Charente-Maritime.

    C'est le dernier échange qu'aura le couple. « Vanessa était quelqu'un de parfois angoissé, je n'imaginais pas un feu de cette ampleur », assure son compagnon. Ce n'est que bien plus tard dans la soirée, lorsqu'il n'a toujours pas de nouvelles, qu'il comprend le pire. L'aide-soignante a été piégée par les flammes alors qu'elle se trouvait dans l'ascenseur.

    Elle allait avoir 40 ans

    Vanessa allait avoir 40 ans le 23 septembre prochain. Elle s'apprêtait à se reconvertir pour travailler avec des enfants. « Elle était souriante, gentille, la main sur le cœur », décrit une amie. Elle pratiquait la zumba et s'était prise de passion pour les animaux. Ses trois chats, qu'elle chérissait, ont d'ailleurs péri dans les flammes.

    Habitante de Limeil-Brévannes, puis de Créteil, elle logeait dans cet appartement depuis 2015. Cuisinière à Albert-Chenevier, puis agent administratif et aide-soignante, elle baignait dans le milieu hospitalier. Elle y a d'ailleurs rencontré Paul. Avant cela, elle a connu « une période de sédentarité ». « Elle avait des soucis personnels, mais commençait à reprendre pied », indique son compagnon.

    « Miss texto »

    Désormais, il « veut savoir ce qu'il s'est passé ». Pour dissiper le doute. Mais aussi un relent de culpabilité. La théorie du « brûleur à chicha », qui serait « resté sur le canapé » au moment où le disjoncteur a été enclenché, selon une source judiciaire, a été avancée. De son côté, Paul confirme en posséder un, mais se refuse à être catégorique sur un éventuel lien avec l'incendie.

    En attendant, il préfère se couper des commentaires sur les réseaux sociaux. Trop douloureux. « Vanessa, c'était miss texto, décrit une amie. Elle en envoyait matin, midi et soir ». « J'ai un gros manque, confie Paul. Quand je regarde mon téléphone, j'attends toujours un message d'elle. »