Rungis : les sans-papiers du MIN occupent la tour de la Semmaris

 Rungis, ce jeudi matin. Des travailleurs sans-papiers du marché de Rungis ont investi le hall d’entrée de la Semmaris, société d’exploitation du site, pour demander leur régularisation.
Rungis, ce jeudi matin. Des travailleurs sans-papiers du marché de Rungis ont investi le hall d’entrée de la Semmaris, société d’exploitation du site, pour demander leur régularisation. LP/C.P.

    Au rez-de-chaussée de la grande tour qui surplombe Rungis, ils sont une centaine à être entassés. Assis dans le hall de la Semmaris, l'exploitant du marché, et vêtus de gilets jaunes arborant le sigle de la CGT, ils grignotent avec plus ou moins d'appétit les sandwichs qu'on vient de leur distribuer. L'action a commencé ce matin à 6 heures Mais leurs papiers, ils les attendent depuis des années.

    Ce jeudi, au Marché d'Intérêt National (MIN) de Rungis, cent cinq travailleurs sans-papiers se sont réunis. Soutenus par la CGT, dont les membres sont venus en nombre, ils demandent à être régularisés au plus vite. « Le problème avec tous ces sans-papiers, c'est qu'ils n'ont aucun droit, rapporte Benjamin Amar, responsable syndical dans le département. Comment voulez vous négocier quoi que ce soit quand on vous impose le salaire et les horaires qu'on veut ? ». L'organisation syndicale estime qu'ils seraient plus de 600 à être dans la même situation au MIN.

    Essentiellement originaires du Mali et du Sénégal, ces travailleurs sans-papiers du marché de Rungis réclament d'être régularisés. LP/C.P.

    « Moi je suis arrivé en France en 2009 », raconte Mamadou qui travaille au MIN depuis sept ans. Quand il a quitté le Mali, il n'était pas seul. L'accompagnaient son père et son frère qui ont depuis longtemps obtenu leurs papiers. « Pour moi tout est prêt, je ne sais pas ce qui bloque », se désole ce trentenaire. Moussa, plus proche de la quarantaine, a quitté femme, enfants et Sénégal pour venir vivre en 2013 dans un pays où il avait « plus de chance ». Tant bien que mal, il parvient à envoyer 600 à 800 € à sa famille chaque mois mais a dû accepter en contrepartie de ne pas les voir puisqu'il ne peut quitter le pays.

    Dans l'après-midi, le président du département Christian Favier et la sénatrice Laurence Cohen ont apporté leur soutien aux sans-papiers en adressant, chacun de leur côté, une lettre au préfet. La CGT affirme qu'elle restera dans le hall du « vaisseau amiral du marché international », tant que la situation n'aura pas été débloquée. La Semmaris quant à elle a réagi dans la soirée, affirmant être « particulièrement vigilante sur ces sujets » et précisant qu'elle « veillera à sanctionner au travers de mesures administratives et disciplinaires, voire d'exclusion, toute entreprise contrevenante qui nuirait ainsi à l'image du Marché ».

    Dès tôt ce matin, des représentants de la préfecture sont venus discuter directement à Rungis. L'organisation syndicale « salue leur état d'esprit constructif », mais attend avec impatience « des actes ». Concrètement, les représentants de l'Etat se sont engagés à recevoir les 105 dossiers présentés par le syndicat. « Ces dossiers, dont la situation sera examinée au cas par cas, seront traités le plus rapidement possible » a indiqué le cabinet du préfet dans un communiqué. « Dans ces conditions, le préfet demande que les locaux de la Semmaris retrouvent leur condition d'exploitation habituelle », conclut le texte.