Val-de-Marne : les syndicats enseignants demandent un plan d’urgence pour rattraper le retard du confinement

Les syndicats enseignants du premier et du second degré demandent plus de postes pour rattraper les inégalités d’apprentissage dues au confinement des élèves. Et s’insurgent contre la réouverture des établissements le 11 mai.

 Les syndicats enseignants et les parents d’élèves de la FCPE et de la PEEP demandent un plan d’urgence pour le Val-de-Marne pour permettre de rattraper le retard pris par les élèves durant le confinement.
Les syndicats enseignants et les parents d’élèves de la FCPE et de la PEEP demandent un plan d’urgence pour le Val-de-Marne pour permettre de rattraper le retard pris par les élèves durant le confinement. LP/M.K.

    Ils ont boycotté le comité départemental de l'éducation national qui se tenait ce mardi. Il se tiendra cependant vendredi. Mais sa convocation ne devrait pas changer grand-chose. Ce lundi, lors du comité technique de carte scolaire du premier degré, tous les syndicats enseignants, à l'exception de l'Unsa, ont voté contre le projet esquissé depuis janvier par la Direction départementale de l'Education nationale (DSDEN). Soit la suppression de 104 classes dont 19 dédoublements de CP et CE1 du dispositif 100 % réussite en éducation prioritaire.

    Un schéma qui se répète chaque année entre l'Education nationale et les syndicats mais qui cette année revêt une dimension particulière en pleine pandémie. D'où la demande d'un plan d'urgence et d'un moratoire sur la fermeture de classes.

    Réunis ce mardi après-midi en téléconférence de presse, confinement oblige, le Snuipp-FSU, le Snudi-FO, la CGT-Education, le Snes ainsi que les représentants de parents d'élèves de la FCPE et de la PEEP ont réitéré leur demande de plan d'urgence pour le Val-de-Marne.

    Des élus s'adressent au ministre

    La semaine dernière, plusieurs parlementaires et élus avaient cosigné un courrier au ministre Jean-Michel Blanquer pour demander l'annulation des suppressions de postes. Comme Christian Favier, président (PCF) du département l'avait également réclamé à la DSDEN un peu plus tôt.

    Un consensus devant lequel l'Education est restée sourde jusqu'à maintenant. Et alors que le président Emmanuel Macron a annoncé la réouverture des établissements scolaires le 11 mai, les inquiétudes se font d'autant plus grandes concernant la sécurité sanitaire de la rentrée mais aussi le rattrapage des programmes et les moyens qui y seront alloués.

    « Nous demandons l'abandon des fermetures de classes et une dotation supplémentaire pour répondre aux besoins des élèves. Le confinement est dramatique pour leur scolarité, pour assurer le rattrapage il faudra dédoubler des classes. Nous n'avons pas été entendus par le ministère. », présente Luc Bénizeau du Snudi-FO 94.

    « Il faut même s'attendre à des nouvelles suppressions de postes en juin et avant la prérentrée de septembre alors que la seule solution pour réduire les inégalités que le gouvernement semble découvrir seulement maintenant pour justifier du déconfinement, c'est un plan d'urgence », ajoute Cyrille Micheletta, du Snuipp-FSU 94.

    Établie selon les prévisions du ministère de l'Education nationale, la carte scolaire prend en compte « une estimation d'une montée démographique de seulement 400 élèves » justifie la direction académique départementale :

    «Nous sommes sur une enveloppe nationale qui tient compte de l'équité territoriale, l'équité sert la difficulté scolaire mais aussi les zones rurales, ce qui explique que des postes supplémentaires aient été attribués à la Seine-et-Marne. Mais comme chaque année, il y aura encore des ajustements au plus près des besoins jusqu'à la rentrée de septembre, rien n'est figé ».

    La reprise du 11 mai inquiète parents et enseignants

    Même revendication pour le Snes, le syndicat du second degré qui demande un rattrapage de la dotation horaire globale pour les lycées et les collèges.

    Concernant les modalités du déconfinement annoncé comme progressif par Jean-Michel Blanquer, les syndicats n'ont eu « aucune réponse » de la part des instances départementales : « Le comité technique de carte scolaire s'est déroulé en ignorant le contexte de pandémie, la directrice académique ne nous a apporté aucune réponse sur la reprise après le confinement et le plan d'urgence n'était pas du tout à l'ordre du jour! », dénonce Ana Macedo de la CGT-Educ'action.

    Une reprise qui inquiète les enseignants comme les parents d'élèves pourtant confrontés aux difficultés de la classe à la maison.

    « Risque de blocus devant les écoles »

    « Nous ne mettrons pas nos enfants à l'école en pleine épidémie. Nous ne prendrons pas ce risque pour nos enfants ni pour personne. Cela ne nous amuse pas, pour certains parents c'est très compliqué de s'occuper de leurs enfants en télétravail ou d'être contraints de ne pas travailler. Ça n'est pas pour autant qu'on prendra le risque de la contamination, c'est une question de santé publique. Il risque d'y avoir des blocus devant les écoles », prévient Nageate Belhacen, présidente de la FCPE 94.

    Tandis que la PEEP demande que des groupes de travail soient réunis avec les parents pour évaluer avant la reprise les conditions sanitaires de celle-ci.

    Un mouvement de grève ou l'invocation du droit de retrait est envisagé par les enseignants pour qui il est « hors de question de rentrer le 11 mai ».

    « Des parents sont décédés, des enseignants aussi, on ne sait pas si on est contagieux, si les enfants le seront. Comment fera-t-on respecter les gestes barrières et avec quels moyens à des enfants ou des ados. Dans mon école à Villejuif, nous accueillons des enfants de soignants depuis un mois, on vient seulement hier de recevoir des masques chirurgicaux pour les enseignants, pas pour les élèves », alerte Luc Bénizeau.

    Un CHSCT académique doit se tenir ce mercredi, les syndicats y demanderont notamment « un protocole de sécurité sanitaire clair à l'échelle nationale » comme l'annonce Cécile Quinson du Snuipp-FSU 94.