Ces salariés vont travailler au bureau avec leur chien

Dans un espace de coworking ou dans l’open space de leur entreprise, ils arrivent certains matins avec leur compagnon à quatre pattes, devenu au bout de quelques années parfois la mascotte du bureau. Témoignages.

Buc (Yvelines), le 14 octobre 2021. Dans cette entreprise de location de matériel, le dirigeant tolère la présence des animaux de compagnie. LP/Fred Dugit
Buc (Yvelines), le 14 octobre 2021. Dans cette entreprise de location de matériel, le dirigeant tolère la présence des animaux de compagnie. LP/Fred Dugit

    Aurélie ne vient jamais au bureau sans son cocker spaniel anglais, dont les longues oreilles aux poils bouclés et les yeux attendrissants ont fait fondre ses collègues. Ils sont une quinzaine de travailleurs indépendants à l’avoir vu grandir en gambadant dans leurs bureaux parisiens, ouverts. « Sa présence adoucit les relations et apporte quelque chose de très convivial, assure la jeune photographe, qui passe à l’agence deux fois par semaine en moyenne, mais il faut un chien sociable et adaptable. » Amener son compagnon à quatre pattes au bureau, est-ce vraiment une bonne idée ? En coworking ou en entreprise, ceux qui ont osé nous expliquent pourquoi la cohabitation se passe bien.

    Condition numéro un, la présence de l’animal doit être acceptée par tous. Olivier Boutte dirige une jeune entreprise de location de matériel à Buc (Yvelines), et loue une partie de ses locaux comme espace de coworking. Il a accepté que ses salariés viennent travailler avec leur bête à poils de temps en temps.

    « Ce n’est pas un droit d’amener son chien au travail, c’est une possibilité, insiste Olivier Boutte, et c’est toléré à la condition que les maîtres soient attentifs à ce que leur animal ne gêne personne. » Cette permission est totalement informelle et ne fait l’objet d’aucun règlement écrit. Le dirigeant ajoute que les locaux de sa PME s’y prêtent plutôt bien, avec des bureaux de plain-pied et un terrain clos tout autour pour la promenade des quadrupèdes.

    « Les maîtres sont plus détendus au travail »

    « Au départ, c’est sans doute moi qui étais le plus réticent à autoriser les chiens au bureau, et on l’a fait pour arranger ceux qui ne pouvaient pas les faire garder certains jours par leur conjoint à leur domicile », raconte-t-il. Finalement, il juge l’expérience positive. « Les maîtres sont plus détendus au travail, et c’est intéressant de voir les efforts que chacun peut faire en entreprise pour le vivre-ensemble », constate le patron, qui envisage désormais d’autoriser les chiens dans les bureaux en location de son espace de coworking.

    Principe numéro deux, accepter que certains collègues posent des limites. Depuis cinq ans, Pascal Edou travaille pour une compagnie d’assurances dans un espace de coworking de Vanves (Hauts-de-Seine) de façon permanente. Il a d’abord utilisé le bureau partagé, avant d’opter pour un bureau individuel. « Prendre un chien était un projet de longue date, raconte-t-il, mais si je n’avais pas eu un bureau fermé et la possibilité de l’amener avec moi pendant ma journée de travail, je n’en aurais pas pris. Car je n’aurais pas laissé mon chien seul à la maison tous les jours. »



    Reef est un animal de grande taille, un croisé setter anglais et berger australien, qui accompagne son maître au bureau depuis qu’il a quelques mois. « Il me suit quand je vais dans l’open space et ça se passe bien avec 98 % des gens », constate Pascal. Il reconnaît que son chien a tendance à se dresser sur ses pattes pour saluer les coworkers avec affection : « Ceux qui n’apprécient pas lui demandent de descendre et je n’interfère pas dans leurs remontrances », assure le propriétaire de Reef.

    Le cocker d’Aurélie vient au bureau depuis quatre ans et connaît tout le monde. Les arrivées de visiteurs extérieurs ne le perturbent en rien « car il est familier des lieux », justifie sa maîtresse. Les rares personnes à ne pas l’apprécier lui témoignent de l’indifférence. « Dans ce cas, mon chien ne retourne pas les voir, c’est aussi simple que ça », confie Aurélie.

    « Le chien doit être sociable, en bonne santé »

    Conseil numéro trois, rédiger des consignes peut être rassurant pour tout le monde. Dirigeant d’une imprimerie à Vanves (Hauts-de-Seine), Arnaud Adler, qui ne quitte pas son labradoodle noir (croisement du labrador retriever et du caniche), a autorisé les chiens — à l’exception des catégories 1 et 2, dits « d’attaque » — dans les espaces de coworking qu’il gère.

    « Leur accueil est formalisé dans le règlement intérieur, explique-t-il. Le chien doit être sociable, en bonne santé, avec ses vaccins obligatoires à jour, et silencieux. Et on ne peut pas le faire manger dans l’open space. » Le document précise dès le départ que « chaque maître est responsable de son animal et devra présenter une assurance en responsabilité civile valide ».

    Les dégâts matériels causés par l’animal sur le lieu de travail doivent être pris en charge par l’assurance de son propriétaire. Quant aux éventuels dommages corporels dont pourrait être victime un collègue (morsure, chute provoquée par le chien…), mieux vaut vérifier qu’ils sont bien couverts par les contrats souscrits, à la fois par l’employeur (garant de la sécurité de ses salariés) et du maître, responsable de son compagnon.