LE PARISIEN MAGAZINE. Le mot de Claude Halmos : C comme chômage

LE PARISIEN MAGAZINE. Le mot de Claude Halmos : C comme chômage

    Il est des mots que l'on aimerait voir disparaître ou, à défaut, entendre moins souvent. Et « chômage » en fait partie. Car il désigne une situation qui, particulièrement pénible pour ceux qui la subissent, complique de surcroît leur vie avec leurs enfants. Comment, en plus, en parler ? C'est – un peu – moins difficile pour les adolescents, qui ont une certaine compréhension des faits sociaux. Mais que faire avec les plus jeunes ? Les parents s'interrogent et finissent souvent par renoncer. Parce qu'ils craignent de leur transmettre leurs angoisses mais surtout parce que, en proie à une culpabilité et à une honte injustifiées, ils n'osent pas leur confier leurs difficultés. C'est dommage. Quand une situation est difficile, un enfant a besoin qu'on la lui explique. Parce qu'il sent toujours, même s'ils veulent la lui cacher, l'inquiétude des adultes et, s'ils ne lui disent rien, imagine souvent des choses bien pires que la réalité, dont il peut même se croire responsable.

    Il faut donc que les parents parlent. Comment ? Comme ils le peuvent, avec leurs mots. Car l'enfant n'a pas besoin de belles paroles, supposées « psychologiquement correctes ». Il a seulement besoin de savoir que ses parents le prennent assez au sérieux pour l'informer de ce qui se passe, et en discuter avec lui. Partant de là, s'il n'a pas compris, il posera des questions. Mais il est important qu'il comprenne trois choses. La première, que l'on n'est pas « renvoyé » de son travail comme on l'est de l'école. On n'est pas chômeur parce qu'on a mal travaillé ou fait des bêtises, mais parce qu'il n'y a pas assez de travail pour tout le monde. La seconde, que « chômage » ne veut pas dire plongée dans la misère car des indemnités (acquises en ayant cotisé) remplacent partiellement le salaire perdu. Et la troisième, qu'il n'a pas, lui, à essayer de sauver sa famille. Le chômage est l'affaire des grandes personnes, qui sont aptes à la régler. Message ultime : on va s'en sortir !